Rédaction : Patrick Ndibwalonji Badibanga // Photos : Cynthia Tshikuna
Reine d’Égypte, cheffe politique, femme de pouvoir et figure mythique : Cléopâtre s’expose comme jamais auparavant à l’Espace d’exposition Liège-Guillemins. Du 20 décembre 2025 au 5 juillet 2026, plus de 200 objets et images racontent comment une souveraine de l’Antiquité est devenue une superstar intemporelle. Une exposition exceptionnelle, produite par Collections et Patrimoines, et proposée par Europa Expo et le Domaine & Musée royal de Mariemont.
« C’est en mourant qu’elle est née ! » C’est par cette phrase forte que Claire Mercier, commissaire générale de l’exposition Cléopâtre Superstar, a ouvert la visite presse ce vendredi 19 décembre. Paradoxalement, l’expo commence effectivement par des scènes rappelant la probable mort de cette figure incontournable de l’antiquité. Une formule qui résume à elle seule le paradoxe Cléopâtre : une reine historique dont la mort a marqué le début d’un mythe universel.
exposition hors norme
Cléopâtre Superstar est une exposition ambitieuse, la cinquième consacrée à Cléopâtre en 2025, mais sans équivalent par son ampleur. Jamais autant d’objets, de représentations et de documents liés à la reine d’Égypte n’avaient été réunis en un seul lieu.
Au total, plus de 200 pièces jalonnent le parcours, parmi lesquelles 13 monnaies prêtées par la Bibliothèque royale de Belgique, certaines frappées en bronze à l’effigie de Cléopâtre elle-même.
Née à Alexandrie, mégapole de l’Antiquité et carrefour des cultures, Cléopâtre VII appartient à une dynastie à la fois grecque et égyptienne, héritière des Ptolémées, derniers fragments de l’empire d’Alexandre le Grand. Dans cette lignée, les reines jouent un rôle politique majeur — et Cléopâtre en sera l’incarnation la plus accomplie. « On vous présente une Cléopâtre différente », insiste Claire Mercier. Loin des clichés figés, l’exposition déconstruit les images réductrices pour révéler une cheffe d’État redoutablement habile, qui a gouverné son royaume d’une main de maître dans un monde dominé par Rome.
Si les Romains ont contribué à forger le mythe de la femme fatale, cette représentation évolue au fil des siècles : au XVIIᵉ siècle, Cléopâtre devient femme forte ; plus récemment, on la présente même comme une princesse espiègle qui vit des aventures fabuleuses. Pourtant, son pouvoir fut bien réel. L’Égypte alors État client de Rome, demeure omniprésente dans l’Empire, jusque dans la capitale romaine elle-même.
Figure omniprésente
Pourquoi parle-t-on encore autant de Cléopâtre aujourd’hui ? Parce qu’elle incarne à la fois la beauté, l’Égypte et le pouvoir — trois éléments qui continuent de fasciner. Sa présence dépasse même l’histoire : une météorite porte son nom, preuve que Cléopâtre est partout, jusque dans le langage scientifique.
Déjà, Shakespeare avait contribué à sa renaissance par le théâtre. Plus tard, la campagne d’Égypte de Bonaparte, à la fin du XVIIIᵉ siècle, relancera l’intérêt pour l’Antiquité égyptienne et pour Cléopâtre en particulier. Le cinéma s’en emparera à son tour, multipliant les points de vue, notamment autour de la célèbre rencontre de Tarse, analysée dans l’exposition à travers différents films. Cléopâtre Superstar ne se contente pas de raconter l’histoire d’une reine. Elle montre comment, depuis plus de deux mille ans, Cléopâtre n’a jamais cessé de renaître — dans l’art, la politique, la science et l’imaginaire collectif.
Une exposition à voir non seulement pour comprendre Cléopâtre, mais pour comprendre pourquoi elle continue, encore aujourd’hui, à régner sur nos imaginaires.
Publié le 22 Décembre 2025 par
