APRÈS UN SIÈCLE, LA LUMIÈRE ÉCLAIRE TOUJOURS
Rédaction : Olivier Sogan
L’ASBL La Lumière fête ses cent ans en 2019 ! Pour la célébration, de nombreux événements ont été organisés : une journée mondiale du braille, une marche de 100 km, l’invitation de Gilbert Montagné qui parraine le centenaire. Et plus récemment, une projection d’un film en audio-description : Plein la Vue.
« Karim et Dylan courent » déclame la voix off, monotone. Robotique, comme celle d’un GPS, elle précise des choses qui tombent sous le sens… lorsqu’on peut utiliser ses yeux. Les actions des personnages, le lieu de la scène, la couleur de peau : autant d’éléments inaccessible pour les bénéficiaires de l’ASBL La Lumière.
Ces derniers installés salle 2 du Palace, assistent à la projection en audio-description d’un film de Phillipe Lyon. Quelques mots du synopsis : « Karim et Dylan, 25 ans, deux bons à rien d’une cité radieuse et bigarrée, sont condamnés à deux mois de Travail d’Intérêt Général dans un centre de formation pour malvoyants. » Rien de bien palpitant dans le pitch, mais l’implication de l’ASBL centenaire enrichi le projet. Elle a en effet participé à la production du film en prêtant du matériel technique et en fournissant des experts en locomotion. Certains bénéficiaires, présents dans la salle, apparaissent dans le film.
Il y a plus d’un siècle…
Mais faisons un grand bond en arrière. Nous sommes en 1919, au sortir de la Première Guerre Mondiale. Dévastatrice, elle marque le début de la guerre chimique moderne. Parmi les nombreux gaz toxique retrouvés sur le champ de bataille, le gaz moutarde. Ce dernier, ainsi nommé pour son odeur de moutarde ou d’ail, provoque la cécité, entre autre symptôme, chez les soldats victimes. Dans ce contexte d’après-guerre, Nelly Durieu et Madeleine Henrard, deux infirmières, créent La Lumière pour soutenir les combattants privés de la vue. A l’époque, elles les accueillent et leur procurent du travail.
Améliorer l’expérience culturelle des personnes aveugles et malvoyantes
Le programme des infirmières intègre rapidement les civils. Aujourd’hui, La Lumière prend en compte tous les domaines de la vie quotidienne. Aide à la locomotion, ergothérapie ou soutien psychologique, social et administratif : il s’agit de rendre moins difficile l’expérience des personnes aveugles et malvoyantes. Cela vaut aussi pour le milieux socio-culturel, d’où l’importance de l’audio-description. Pour un non-initié, l’expérience peut déconcerter : tout, la voix-off décrit absolument tout. Pas d’instant de silence donc, comme avec un livre audio. Il faut un temps d’adaptation pour les non-initié. En revanche, pour le public non-voyant « c’est indispensable pour qu’ils aient accès à l’œuvre » assure Line Brasseur, chargée de communication.
Au-delà de l’aspect pratique, l’utilisation d’un tel dispositif permet d’intégrer plus facilement les personnes malvoyantes et aveugles à la vie culturelle. Cela favorise en effet l’accessibilité à la culture. Car il faut le dire : sur tous les courts et longs métrages projetés durant le FIFCL, il s’agit du seul en audio-description. Et malheureusement, au cinéma, ils demeurent peu courant.