BIP 2020, QUAND L'ART SURVIT

Rédaction : Ludovic Minon / Patrick Ndibwalonji Badibanga, Naomi Bussaglia, Anthony Katone // Photos : Gaëtane Lorenzoni

La 12ème édition de la Biennale de l’Image Possible bat son plein ! Mélange toujours aussi improbable d’expositions en tout genre, la Biennale de l’Image Possible se disperse cette année autour du thème de l’impact de l’art sur la réalité. Comment s’y retrouver parmi la dizaine de lieux et au moins autant d’artistes représentés ? Quatremille vous livre sa sélection !

La BIP 2020, c’est trois projets invités, sept travaux inédits et une dizaine de galeries partenaires, soit une vingtaine d’artistes présentés (à la grosse louche). Et encore, c’est sans compter le Cabinet des curiosités économiques — un des projets lauréats — qui rameute à lui seul une autre vingtaine de collaborateurs pour un résultat franchement épique. Mais la BIP 2020, c’est avant-tout deux lieux hors-normes. Fini de squatter la Boverie, cette 12ème édition se déroule au principal dans l’ex-Décathlon, rue Féronstrée, et à la Menuiserie, anciens ateliers communaux situés rue de l’Académie. « S’inscrire dans les flux du tissu urbain, faire sortir l’art contemporain de sa zone de confort, travailler avec un aménagement minimal » explique Anne-Françoise Lesuisse, directrice artistique, avant de simplifier : « Un lieu brut de décoffrage ! »

Dans le melting pot des expositions partenaires, on épinglera notamment Le Corridor. Cette ancienne fabrique de cuisine située dans le quartier Saint-Léonard accueille une expo intitulée l’éponge & l'huître... Si ça ne vous intrigue pas, on ne pourra rien faire pour vous. Mais encore, le Musée en plein air du Sart Tilman, dont c’est la première collaboration, envoie pour l’occasion un millier de portraits légendés à la main dans les principales lignes de bus liégeoises. « Une bouteille à la mer, dans le brouillard visuel des TEC ! »

Vous l’aurez compris, la liste est longue ! Pour la programmation complète, un petit détour par le site officiel de la BIP est de rigueur. En outre, trois expositions en particulier ont retenu notre attention : voici les récits de Patrick Ndibwalonji Badibanga, Naomi Bussaglia et Anthony Katone !


Le rêve des machines — Patrick Ndibwalonji Badibanga

Et si la fin du monde était pour demain ? Et si les machines remplaçaient les êtres humains ? Avec ces deux interpellations, on se croirait presque dans le dernier blockbuster hollywoodien. Il ne s’agit pourtant pas des divagations d’un complotiste en mal de reconnaissance, mais du thème de l’exposition de Grégory Chatonsky.

Fasciné par la technologie depuis plus de 20 ans, cet artiste franco-canadien compte internet dans ses principales sources d’inspiration. Et a notamment collaboré avec une intelligence artificielle pour écrire un livre. Vous avez bien entendu : l’homme et la machine se sont associés pour accoucher d’un roman, transformé pour l’occasion en fichier audio !Dans son exposition, Grégory Chatonsky nous en livre 3 chapitres, déclamés par la reconnaissable voix de Siri. Bien sûr, le résultat de cette collaboration ne restera pas dans les annales littéraires. Mais les échos des impulsions sonores entremêlées, comme sortant d’une dimension parallèle, réussissent à troubler le visiteur. Et donnent parfois l’impression d’écouter les divagations d’un schizophrène.

Cette tentative de transformer un programme informatique en écrivain n’est qu’une facette du talent de Chatonsky. Dans les pièces voisines, des écrans de télévision nous montrent le crépuscule de la civilisation humaine à travers des vidéos de déforestations et d’inondations. Rien ne nous est épargné mis à part le spectacle de notre propre extinction.

Si Chatonsky a pris soin de ménager nos yeux de cette vision apocalyptique, il s’est arrogé le droit de placer ça et là des vestiges de notre passé. Son but ? Nous donner l’impression qu’il ne reste plus rien de notre espèce à part quelques objets obsolètes. En tant que spectateur, nous ne pouvons que constater l’immensité des dégâts. L’Homo Sapiens n’est plus ! Il a été détrôné par la machine ; et sa sagesse, elle, ne semble plus être qu’un lointain souvenir ! Dans l’imaginaire de Chatonsky, la chaîne alimentaire s’est inversée nous propulsant vers le bas. Les appareils qui servaient autrefois à satisfaire nos caprices nous ont utilisés pour créer leur réalité alternative. Nos rêves et les données récoltées sur la toile les ont aidées à construire cet ersatz de monde dans lequel nous n’existons plus de manière physique.

Bien que l’expérience de Chatonsky nous paraisse extravagante, nous sommes obligés de reconnaître qu’à l’heure où les recherches sur l’intelligence artificielle s’intensifient, ce scénario catastrophe n’est plus si ridicule que cela. Pire même : il commence à devenir crédible. Que ferions-nous si nous perdions le contrôle de ces dispositifs informatiques qui régissent presque toute notre vie quotidienne ? Comment pourrions-nous les contrer s’ils se mettaient à fonctionner de façon aléatoire ? Quelle serait notre réaction si nous devions un jour nous en passer à cause de dysfonctionnements intempestifs ? Accepterions-nous de faire marche arrière où sombrerions-nous dans la folie ?

Plus d'infos > https://bip-liege.org/fr/cpt_artist/gregory-chatonsky/

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À la rencontre de la culture du viol — Naomi Bussaglia

L’expression « âmes sensibles s’abstenir » qu’on retrouve parfois avant de lancer une nouvelle série, parfois avant d’entrer dans un lieu spécifique, nous prévient que l’on risque d’être choqué par ce qui suivra. Cette expression est utilisée dans la société comme pour laisser le choix au spectateur soit de continuer son aventure et de peut-être découvrir quelque chose de totalement effrayant, soit de passer son chemin et continuer à vivre sa vie, inconscient du danger.

L’exposition de Laia Abril dans le cadre de cette édition de la BIP ne propose pas au spectateur de choisir d’ignorer le danger qu’elle présente sous de multiples formes. En fait, son exposition n’annonce pas « âmes sensibles s’abstenir » tout simplement parce que dans notre société, personne n’est averti du danger de la culture du viol. L’exposition On rape présente le second chapitre du projet à long terme A history of Misogyny que l’artiste a entrepris. Dans son expo à l’étage de La Menuiserie, Laia Abril tente de dépeindre un portrait. Pas celui des victimes, dont les témoignages accompagnent les tenues photographiées à taille réelle. Pas celui des agresseurs, qui hantent pourtant chaque tableau. Non, Laia Abril dépeint le portrait d'une culture. La nôtre, bien ancrée dans nos normes sociétales.

Le lieu choisi, lumineux de toutes ses baies vitrées se présente pourtant comme une cave sombre, froide et humide. Un endroit qu’on a envie de quitter immédiatement, alors que l’on découvre les installations visuelles, textuelles et qu’on entend différents audios relater des discussions entre agresseurs.

Pour contextualiser ses tableaux, Abril a installé de part et d’autre, des citations de personnalités et même, d’autorités publiques, inscrites noir sur blanc sur les murs ou encadrées, affirmant des propos à vous glacer le sang. « Block your body parts ? Close your legs ? Call the police ? Did you do any of those things ? (John Russo Jr., 2016 - State Judge U.S.) »

Déclenchée par l’affaire du viol de meute prémédité ayant eu lieu au Festival de San Fermin en 2016, l’exposition On rape plonge le spectateur dans la tête de l’artiste lors de son questionnement. Tandis qu’elle s’évertue à comprendre pourquoi nos structures de justice continuent à nourrir des normes ancestrales à défaut de venir en aide aux victimes, tout visiteur de l’exposition se verra bouleversé par les faits qui l’entourent. Ne vous abstenez surtout pas.

Plus d'infos > https://bip-liege.org/fr/cpt_artist/laia-abril/

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Les 7 pêchés du capitalisme  — Anthony Katone

Oser métamorphoser une salle d’exposition – elle-même issue d’un ancien supermarché – en atelier d’impression clandestin, c’est le projet de Camille Dufour et Rafaël Klepfisch avec Les 7 pêchés du capitalisme. Une revisite moderne des 7 pêchés capitaux, qui invite les visiteurs à prendre part à la performance en affichant librement dans Liège les gravures directement imprimées à l’ex-décathlon de la rue Feronstrée.

Chaque semaine, les deux artistes impriment 50 exemplaires d’une gravure correspondante à un pêché et accompagnée d’un texte à compléter par les passants. Engagée sans être militante, l’œuvre questionne notre rapport au monde et à l’image via le prisme des pêchés. « Le but était également d’accompagner la gravure, un médium antique, à la vidéo qui nous entoure continuellement. Et donc d’introduire les gravures via des images recyclés connues de tous. » explique Rafaël. Un zapping choc et muet présentant froidement les excès du capitalisme diffusé dans la salle d’exposition.

En prenant place dans l’espace public, cette expérience cherche à heurter, questionner, alerter le citoyen curieux sans se cloisonner vers un public-cible de galerie. Une réussite qui dépend donc de la participation active tant des amateurs d’art que des non-initiés. « On voulait que tout le monde puisse écrire directement sur nos affiches, sans intermédiaires, et puisse s’exprimer sans demander l’autorisation. » nous révèle le vidéaste. A vos marqueurs, pinceaux, bombes, et rendez-vous au 84 rue Feronstrée pour vous procurez vos affiches !

Plus d'infos > https://bip-liege.org/fr/cpt_project/les-7-peches-capitaux-du-capitalisme/

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