« CECI N’EST PAS UN CORPS » : VISITE SURRÉALISTE DE SCULPTURES HYPERRÉALISTES
Rédaction : Giulia Calamia // Photos : Gaëtane Lorenzoni // Slam : Mel
Depuis le 22 novembre et jusqu'au 3 mai 2020, le Musée de la Boverie accueille l'exposition Hyperrealism Sculpture. Ceci n'est pas un corps. À travers un parcours chronologique, les visiteurs ont l'opportunité d'appréhender le courant hyperréaliste qui regroupe des sculpteurs internationaux et des conceptions artistiques variées de ce qu'est la réalité.


La sculpture hyperréaliste naît aux États-Unis dans les années 1960 en réaction à l'art abstrait dominant. Alors que la représentation réaliste des corps semblent révolue, des artistes choisissent d'utiliser moulage, modelage et jeux de couleur afin de donner des illusions de réalité à leurs statues humaines. Sans le savoir, ils ouvrent une nouvelle voie qu'emprunteront de nombreux sculpteurs qui se serviront des mêmes méthodes pour donner leur propre interprétation du monde.
Divisée en six sections, six tendances de la sculpture hyperréaliste, l'exposition offre des représentations humaines entières ou tronquées, poly ou monochromes, nues ou vêtues, micro ou macroscopiques, déformées ou hyperréelles. Ces choix artistiques dépendent de la tendance de l'époque mais surtout du point de vue de l'artiste sur son sujet. Entre réalisme épatant, parfois perturbant, nouveau-né gigantesque et statue polyglotte, l'exposition nous balade d'une interrogation à l'autre et remet en question notre vision de l'être humain : « Ceci n'est pas un corps », mais l'illusion est là. Et la frontière entre son propre corps et celui des statues est ténue, voire inexistante, lorsqu'on se rend compte qu'on ne distingue plus les visiteurs des œuvres exposées.
Le slam de Mel
L’indestructible d’un corps fragile
Fragment de souvenirs mobiles
Fragment de vie porteur de sens
Une vie sanctuaire de sentences
Une vie courte mais exigeante
L’enveloppe me porte
Elle me réconforte
Parfois je voudrais troquer le paquet
Où les nœuds sont mal fait
Souvent j’me tais, ça mon corps le sait
J’en paye le prix fort
Alors mon corps se fatigue
Il s’use, se fragilise
J’voudrais le figer dans le temps
J’voudrais exorciser le récipient
Qu’il respire au gré du vent
Qu’il se libère fièrement
On nous montre le monde
Tel qu’il est
Sans commentaire simplet
Regarde ce n’est pourtant pas si différent
La silhouette en est frappante
Elle te regarde, le temps marqué sur son visage
Elle te regarde sans un mirage
Force est de rester sage
Elle vie, elle vie à travers son créateur
Elle vie, elle vie à travers nous spectateur
Le temps d’une brève rencontre
Le temps d’une trêve quelconque
Elle se remplie de symbole
Elle porte l’humanité et sa nécropole
Son battement n’est pas l’oeuvre d’une synapse
Ni la trace d’une cité cachée sous un sitar
Elle porte le monde et nous le montre
Elle porte le monde et
Féconde nos esprits sombres
On trompe le réel
Et la performance se montre au naturel
Détourne notre regard du manuel
Puis nous renvoie à l’essentiel
De l’essence même.
(Mel.)


















