DANS LES COULISSES DE LA SCÈNE PIERRE RAPSAT : LES ARTISTES DE L’OMBRE !
Rédaction : Cécile Botton / Photos : Christophe Dehousse & Elodie Leroy
Techniciens, gardes, ingénieurs son et lumières, bénévoles… Qui sont ces artistes de l’ombre sans qui aucun festival ne verrait le jour ? Imaginez une Angèle, Orelsan ou autre Patrick Bruel sans amplification, sans lumière et sans écran géant ! Cécile Botton a poussé les portes des coulisses de la scène Pierre Rapsat afin de rencontrer ceux sans qui les grands shows n’auraient pas lieu. Une bande anonyme qui donne ses couleurs aux artistes !

Les Francofolies viennent de souffler leurs 25 bougies, c’est une machine qui roule avec une équipe de techniciens bien rodée. Quoi de mieux que de passer quelques heures en immersion avec eux ! La plupart reviennent chaque année. Pour la scène Rapsat, leur nombre varie entre 9 et 25 en fonction de l’artiste accueilli. « Pour Bruel, une vingtaine de personnes travaillent en accueil, à cela il faut ajouter tous les techniciens de l’artiste. Notre rôle est de veiller au confort de tous » explique Jean-François André. À la fois responsable de l’équipe des techniciens de la grande scène, chauffeur des gros engins servant à manipuler le matériel et médecin pour les artistes et les équipes techniques, il en est à sa 23ème édition. « Maintenant, c’est plus confortable car on n’a plus rien à prouver. On peut mettre un cadre bien précis aux productions afin qu’elles s’intègrent dans des tournées d’été bien différentes des tournées de salles : moins de personnes, de matériel car il faut s’adapter à de plus petites scènes ou à des conditions techniques plus compliquées que dans une salle de spectacle. »

Voici Angèle qui passe discrètement devant nous ! Et Jean-François d’enchaîner : « la configuration du lieu permet la protection des artistes, donc par respect, on ne fait pas de photos, on ne demande pas d’autographe car on vit dans une réelle proximité et en profiter me dérange d’un point vue éthique. Ici, le respect de l’artiste est très important. » Au fil des années, des liens se créent et pour Jean-François, également technicien lumière, c’est toujours un plaisir de retrouver les éclairagistes des grands artistes. « C’est aussi ça la magie des Francos ! » lâche le technicien qui a vraiment été impressionné par le show d’Orelsan.

En montant sur la scène, une affiche attire l’attention : le programme du jour. Tout est minuté, rien n’est laissé au hasard. Prenons celui d’Angèle qui va bientôt monter sur scène : 8h30 arrivée, 9h déchargement scène, 10-11h30 balances, 17h30-19h30 changement de plateau, 19h30-19h45 concert. La ponctualité est de mise : sur une journée, ce sont pas moins de quatre musiciens qui doivent se croiser.

Impressionnant d’être tout là-haut et de voir cette immense foule qui attend patiemment l’apparition de la chanteuse ! Une personne fait un dernier tour de la scène afin de vérifier si tout est ok, elle demande de libérer les accès pour les danseuses… Pendant ce temps, Bernard Viellevoye, ingénieur du son explique son rôle : «Je travaille sur scène sur le retour des artistes afin qu’ils se produisent dans les meilleures conditions sonores possibles. Par exemple, aujourd’hui, pour CélénaSophia et Rive, c’est moi qui ai fait les balances. Comme je les découvre, je dois très vite rentrer dans leur trip et essayer de les comprendre afin de les aider au mieux ».

Depuis le public, impossible d’ignorer la grosse table de mixage qui veille aux sons que vous entendez. Un métier tout à fait différent selon Bernard : « Même si le gars devant produit un son pour le public, c’est d’abord pour lui qu’il choisit le son qu’il aime … alors que moi, je dois mettre mon ego à la poubelle et me mettre au service des artistes ! »
Pour Angèle et Zazie, Bernard doit juste s’assurer que tout fonctionne, car chacune des deux chanteuses vient avec son ingé son. C’est ainsi que je me retrouve sur scène derrière la table de mixage durant le concert… Moment magique s'il en est de vibrer aux sons d’Angèle !
Pendant les concerts, la majorité de l’équipe en profite pour souffler un peu et se restaurer. Je les retrouve installés autour d’une table savourant un sandwich. J’en profite pour discuter avec Louise, une des rares filles. « Depuis 2007, c’est mon rendez-vous de l’année ! Vider les camions, monter le matériel sur scène, c’est dur physiquement mais gratifiant car on voit le produit fini et ça, c’est quelque chose qu’on n’a pas dans tous les boulots. C’est un travail qui se fait dans une super bonne ambiance… Ici, il n’y a pas de travailleur solitaire car on est obligé de travailler main dans la main. C’est ça que j’aime ! » Zazie qui vient d’arriver nous gratifie d’un grand sourire en nous souhaitant en toute simplicité bonsoir et bon appétit. Le concert d’Angèle se termine, il est déjà l’heure de quitter la table et de repartir au front !

En toute sécurité...
Sur le festival, vous pouvez les rencontrer tout de noir vêtus : ce sont les personnes de la sécurité. Juste avant l’entrée en scène de Zazie, Vincent Bourguignon, responsable de Protection Unit, m’accorde quelques mots sur le rôle de ses agents : « Nous partons sur l’idée première qu’il s’agit d’accueillir, d’orienter, d’informer les gens. Nous jouons sur la prévention et aussi sur la réactivité afin d’éviter tout débordement. On envisage la sécurité de manière globale.»
Il est près de 22h45, je rejoins le public pour écouter Zazie. Lors du premier morceau, deux personnes discutent sur la qualité du son qui n’est pas top. Normal, il faut laisser un peu de temps à l’ingénieur pour s’adapter aux conditions du jour : lieu, météo, nombre de personnes autant de paramètres qui influencent les sonorités.

Devant ou derrière la scène, deux expériences bien différentes ! Mais montrer l’arrière, c’est prendre conscience que l’avant ne pourrait avoir lieu sans le travail extraordinaire réalisé par une bande anonyme que j’ai décidé de nommer artistes de l’ombre. Encore un tout grand merci à eux de nous avoir fait bénéficier de spectacles de qualité durant tout le festival, et ce dans un environnement sécurisé !