DISCRETES FIGURES : QUAND DANSE ET TECHNOLOGIE DEVIENNENT MAGIE
Rédaction : Julie Willé // Photos : Stéphanie Lorang
Dans le cadre du festival interdisciplinaire IMPACT, le Théâtre de Liège propose une programmation éclectique mêlant Arts, Sciences et Technologies. Quatremille est allé voir Discrete Figures, conçu par le créateur Daito Manabe, le collectif Rhizomatiks Research, la compagnie de danse Elevenplay dirigée par la chorégraphe Mikiko et le chercheur Kyle McDonald. Ce spectacle de danse interroge les techniques de réalité augmentée en direct. Chronique de Julie Willé sur photos de Stéphanie Lorang.

Le Théâtre de Liège est en effervescence lorsque j’y entre ce mercredi soir. La foule a répondu présente pour un des évènements phare du festival IMPACT. Avant même cette première belge, il se chuchote au Café des Arts que ce show du grand créateur Daito Manabe et de son collectif d’ingénieurs et artistes Rhizomatiks Research vaut vraiment le détour.
Les portes s’ouvrent et je découvre la salle de la Grande Main, belle et impressionnante avec son architecture en bois et le dénivelé de ses gradins. Le public est hétéroclite. La scène est habillée d’un cyclorama, et d’un tapis blanc sur lequel sont sobrement posés cinq panneaux derrière lesquels on distingue cinq tabourets.
Les lumières de la salle s’éteignent, la scène s’illumine dans des tons bleutés, et un son profond à faire vibrer les cages thoraciques se propage à travers la salle. Les danseuses entrent, elles aussi vêtues de blanc, prennent la pause derrière les panneaux translucides et la magie commence.
Pendant l’heure qui suit, plusieurs tableaux chorégraphiés par la talentueuse Mikiko se succèdent avec chacun leurs lumières et leurs sonorités propres. Les danseuses d’Eleven Play sont hypnotisantes. Leurs mouvements, tantôt robotiques tantôt souples, sont réalisés en parfaite synchronisation. Elles jouent avec les panneaux translucides qui s’avèrent également être des écrans. Sur ceux-ci sont projetées des animations 2D et 3D basées directement sur leurs silhouettes et leurs mouvements grâce à la réalité augmentée. Cette technologie émergente consiste à superposer la réalité à des éléments tels que des sons, des images 2D ou 3D, des vidéos, etc. grâce aux calculs d’un système informatique en temps réel. Elle désigne les différentes méthodes qui permettent d'incruster des objets virtuels dans une séquence d'images de façon réaliste.
Les cinq fées dansent ainsi avec des reproductions d’elles-mêmes, invisibles sur scène mais bien présentes à l’écran, ou avec des constructions géométriques réalisées par le chercheur Kyle Mc Donald et inspirées par les travaux du célèbre mathématicien Alan Turing. En fin de spectacle, elles sont rejointes par des drones, qui ressemblent à de petites lucioles qui suivent leurs déplacements avec douceur et non à des gadgets aux allures d’OVNI comme je le craignais.
Quand les lumières s’éteignent sur le dernier tableau, le public retient son souffle et ses applaudissements de peur de gâcher la suite. Mais une fois qu’il comprend que cette expérience unique est terminée, il acclame longuement les artistes et l’équipe technique qui les a rejoints sur scène.
Je tends l’oreille pour capter les premières impressions. « Je n’ai jamais vu quelque chose de pareil », « C’était incroyable ! » Je ressors ravie de ce moment de communion entre les disciplines si différentes que sont la danse et la création numérique et qui a pu toucher autant les technophiles que les personnes venues simplement pour la beauté des mouvements.











