Interview : Margaux Decroix & Jonathan Gonzalez Valdes & Santo Battaglia
Olivia Mazziotta aka Urdeil est une jeune artiste liégeoise. De l’illustration à la photo en passant par le tatouage Urdeil déborde d’envie et a des projets plein la tête . Elle s’est confiée à notre équipe et nous a fait découvrir son univers.

Quatremille : Pourquoi te fais-tu appeler Urdeil ?
Olivia : Ça vient de la primaire. Je cherchais un pseudo pour mon profil MSN. On cherchait avec mon frère et on ne trouvait rien. Tout était pris ! Et puisqu’il jouait beaucoup à World of Warcraft, il m’a trouvé ce nom. Je l’ai gardé en souvenir de lui puisque je ne le vois plus très souvent.
Quatremille : Comment ton histoire en tant qu’artiste a commencé ?
Olivia : Je dessine depuis toujours. Depuis que je suis petite, j’ai toujours été passionnée par le dessin. Au départ, je copiais des mangas pour apprendre. Puis quand je suis arrivée en supérieur, j’ai commencé à créer et à avoir mon propre style. J’ai pris des cours d’anatomie à St-Luc qui m’ont beaucoup aidée pour apprendre à dessiner. Du coup, j’ai pu commencer à faire des dessins plus poussés au niveau de la représentation des corps. Et c’est là que ça a vraiment commencé. J’ai eu petit à petit des commandes venant de personnes qui apprécient mon travail.
Quatremille : Quelles sont tes inspirations ?
Olivia : Je dessine beaucoup pour extérioriser. Étant donné que je suis, de base, assez mélancolique et sensible. Et donc tout ce qui est négatif, je le retranscris sur le papier. J’essaie aussi d’être curieuse de tout. Je recherche l’art partout, ça peut être même dans la pornographie.

Quatremille : Quelles sont les artistes qui influencent ton travail artistique ?
Olivia : Il y a Chiara Bautista, une illustratrice d’origine mexicaine. J’ai d’ailleurs un tatouage d’une de ses œuvres sur mon bras. C’est vraiment l’artiste qui m’a poussée dans l’émotionnel. Et donc je dessine de manière à créer de l’émotion. J’essaie de permettre aux gens de s’approprier mon art, vis-à-vis de leurs expériences personnelles notamment.
Quatremille : Dans tes illustrations, qui sont essentiellement des représentations de femmes, il y a toujours un côté sombre. Et comme légende, sur une publication Instagram, tu as écrit : « Je ne cherche plus les monstres sous mon lit depuis que je sais qu’ils sont en moi. ». Est-ce que ce côté sombre est caché en toi ?
Olivia : En fait, il n’est pas du tout caché ! Ce que je mets en description, ce sont des phrases de rappeurs. Elles me touchent particulièrement parce que ce sont des choses que je ressens mais que je ne parviens pas à dire. Elles m’inspirent également pour faire mes dessins et c’est pourquoi je les mets en légende. Celle que vous avez reprise est de Dooz Kawa dans son morceau « Le Monstre ».
Quatremille : Pourquoi, sur ton feed, tu as choisi de mettre tes illustrations en avant mais également des photos de toi très sexy ?
Olivia : Mes dessins font parties de moi. Et mes photos de shooting, c’est ce qui m’a aidée à m’émanciper et à avoir confiance en moi. J’estime que c’est une autre partie de moi. Je considère le corps comme étant une œuvre d’art avant d’être un objet de désir. La photographie a également sa place sur mon compte Instagram. C’est également dans une démarche de montrer qu’on est fière de soi, qu’on s’aime.
On me demande parfois comment je fais pour poster ce genre de photos. Mais c’est simplement que j’assume mon corps. C’est mon côté un peu féministe qui ressort aussi.

Quatremille : Serait-ce également pour attirer davantage de public(s) ?
Olivia : Oui. Il y a des gens qui me suivent pour mes photos de shooting et d’autres pour mes dessins. Le fait que je mélange ces multiples composantes sur les réseaux sociaux me permet d'unir les deux publics. Et d'en créer un qui apprécie les deux facettes de mon art.
Quatremille : Tu as déjà fait quelques collaborations. Est-ce que tu souhaites en refaire ?
Olivia : Je suis super ouverte pour les collaborations. Ça me fait super plaisir d’en faire. Je trouve que travailler avec d’autres artistes, c’est s’ouvrir à d’autres publics, d’autres styles… J’aimerais beaucoup travailler avec des musiciens et des rappeurs si j’en ai l’occasion.
J’ai des projets qui sont en cours. Je vais illustrer trois chansons d’un groupe allemand. Je vais également en faire une pour de la promotion. Il y a aussi un groupe bruxellois qui m’a demandé de faire des t-shirts pour eux, à l’occasion du Graspop Festival.
Quatremille : Tu as récemment commencé à tatouer. Tu souhaites percer dans ce domaine ?
Olivia : Faire des tatouages, ça a toujours été mon rêve. En secondaire, quand on nous demandait ce qu’on voulait faire plus tard, il avait les médecins, les institutrices primaires et moi c’était tatoueuse. Actuellement, c’est un rêve qui se réalise. J’ai enfin ma machine et je commence à tatouer les gens. Je fais des stages dans des tattoo shops. Actuellement, je suis dans le shop La Baleine Blanche.
Mon objectif est de trouver un job en mi-temps et de faire du tatouage à côté. De manière à ce que ça reste un plaisir.
Quatremille : Penses-tu qu’être tatoueuse à Liège est un frein ou plutôt un tremplin ?
Olivia : Ça peut être un tremplin, comme ça peut aussi me handicaper. Mais je ne pense pas que ça me handicapera car je crois que si les gens viennent chez moi, c’est parce que j’ai un style défini.
Quatremille : Merci !







