À LA MODE DE CHEZ NOUS : LIÈGE FASHION WEEK 2020
Rédaction : Naomi Bussaglia, Marine Mélon // Photos : Francis Motkin, Chris Bult
Pour sa quatrième année, le Liège Fashion Show change de formule ! Sous l’égide de l’ASBL Dreamarts Zone, elle devient la Liège Fashion Week. La différence ? Deux jours au lieu d’une soirée pour découvrir plus de dix stylistes et profiter d’une vraie Fashion Week ouverte au public. Rendez-vous à l’Espace Georges Truffaut les 24 et 25 octobre.
Marchez dans les rues de Liège, et vous tomberez nez à nez avec des centaines de personnalités et styles différents. Et même si les Liégeois aiment s’estimer originaux, et particulièrement uniques, il est bien probable que notre ville soit simplement une plaque tournante pour les tendances actuelles. Si les Liégeois aiment s’habiller et se rapprochent d’ailleurs généralement du “street style”, c’est sans doute dû au grand nombre d’étudiants que compte notre population. Alors que certains commerçants se rapprochent désormais de la Haute Couture, ce qui plaît particulièrement au public, Liège s’impose clairement comme une ville légitime d’avoir sa propre Fashion Week.
Un changement de taille attendait cette année l’équipe de Joana Felingue Delhez, fondatrice de Dreamarts Zone, qui organise la première Fashion Week de Liège. Ce qui a encouragé ce changement ? L’opportunité d’offrir une véritable plateforme aux créateurs présentés cette année. Passer d’une soirée unique à onze stylistes étalés sur deux jours pour, à la clé, s’introduire sur la scène liégeoise. Pour respecter les mesures Covid imposées en 2020, l’organisation a dû opérer quelques modifications. « On a connu complications sur complications » nous explique Joana en prenant la chose avec humour. « L’édition était prévue pour début juillet à La Boverie, mais nous l’avons reportée, changé d’endroit, et des stylistes ont même abandonné en cours de route tout récemment. » Malgré ces changements de dernière minute, la Fashion Week aura lieu fin octobre dans un nouvel emplacement plus apte à accueillir un tel événement, et ce pour le plus grand plaisir des organisateurs.
Afin de garder un tel événement dynamique et rafraîchissant, onze stylistes belges et principalement liégeois ont été sélectionnés lors d’un casting en janvier. Et avec onze propositions différentes, on peut d’ores et déjà dire que chacun y trouvera son compte ! Parmi les stylistes, on peut nommer Esin Saylam, maman de 40 ans qui sort pour la première fois de son atelier maison pour faire défiler ses créations. Ayant commencé la couture à l’âge de cinq ans, elle se définit comme une créatrice à tendance classique et se perfectionne dans les tenues de cérémonie pour cette Fashion Week.
D’un autre côté, on retrouve Elodie qui, du haut de ses 28 ans, a ouvert sa propre boutique à Arlon où elle manie les tissus traditionnels et africains. Cette année, elle a présenté quatre lignes au jury, chacune reprenant des matières issues de pays d’Afrique différents. Elodie désire prouver au travers de ses créations que le fait-sur-mesure à tendance africaine n’est pas nécessairement fait que de wax. Durant cette Fashion Week, on ne pourra d’ailleurs pas s’empêcher de remarquer une aspiration ethnique importante.
LA MARQUE ÉCOLOGIQUE ET BODY-POSITIVE « MOYRA-B » À LA CONQUÊTE DE LIÈGE — Marine Mélon
Après avoir défilé dans les lieux les plus prestigieux de Charleroi, Maeva, fondatrice de la marque de vêtements Moyra-B, débarque à la Fashion Week de Liège. La jeune femme de 27 ans confectionne ses propres créations à partir de tissus de récupération chinés dans des brocantes ou reçus par des clients.
Le principe de la marque est la confection de pièces uniques pour des personnes uniques. Aucune pièce ne ressemble à une autre. « Pour moi, la mode est un moyen de se sentir bien dans sa peau et donc, dans sa vie. C’est l’un des meilleurs moyens d’atteindre ses objectifs. » explique la styliste autodidacte. Et son engagement ne s’arrête pas là. « Je suis à fond dans le body positivisme » confie-t-elle. L’été dernier, une collection spéciale curvy girl était disponible sur son site. Il y en avait donc pour tout le monde, et particulièrement pour les grandes tailles. « Peu importe le poids, on peut se sentir bien dans ses fringues. Cette devise compte pour les femmes, pour les hommes et même pour les enfants. »
Maeva fonctionne à l’instinct et au coup de coeur. Les créations de Moyra-B qui défileront à la Fashion Week de Liège seront donc de tous les styles, avec des tissus de toutes les sortes. Et ses inspirations sont parfois étonnantes : « Un moment, je regardais Games of Thrones et j’ai commencé à coudre des pièces inspirées de la série sans savoir où ça allait finir. » Comme quoi, même en couture, on peut toujours surprendre.
De nos jours, la mode faite sur-mesure est extrêmement hors de prix. L’objectif de cette Fashion Week, c’est aussi d’intéresser la clientèle liégeoise à se tourner vers les créateurs locaux au lieu des grandes marques. Dans un futur espérons-le pas si lointain, Joana aimerait que le public puisse admirer et découvrir les créations des commerçants liégeois dans un espace réservé à cet effet, une espèce de pop-up store géant durant les prochaines éditions de la Liège Fashion Week. Être pris en charge sans se sentir coupable d’avoir une morphologie différente, est un bonus quand il s’agit de mode et de shopping. Parmi les mannequins de cette édition, on retrouve d’ailleurs la valeur de l’égalité des chances pour toutes les morphologies, tous les âges, et toutes les ethnies. « On cherche à casser les codes de la mode tout en la valorisant. La beauté est trop subjective, alors que l’important c’est d’être bien dans sa peau, on ne peut pas dénigrer une autre personne juste parce qu’elle est différente. » Joana récite ces mots sacrés et les créateurs autour d’elle montrent leur approbation.
Elle imagine la Fashion Week comme un projet à échelle humaine, comme Liège en soi qui aime promouvoir la proximité. La Fashion Week est là pour créer un réseau de professionnels et d’amateurs de la mode, les encadrer et les mettre en contact. C’est le but de Joana, créer un tremplin pour les stylistes. Certains créateurs sont d’anciens étudiants tout fraîchement diplômés de l’Helmo, alors que d’autres ont la cinquantaine, une expérience de vie bien différente, mais la même aspiration : faire découvrir leur style et en faire profiter le public liégeois.