LE COLLECTIF DU LION, DE L'HYPERACTIVITÉ ET DES BPM
Rédaction : Anthony Katone, Laurent Keysers // Photos : Simon Verjus
Artisans d’une culture hybride, les membres du Collectif du Lion brassent un répertoire saisissant par sa diversité de styles et de disciplines. Avec comme point de départ le jazz, les différents groupes du collectif s’essaient au hip-hop, au rock, au théâtre, à la danse, tout en gardant une identité artistique forte et cohérente depuis plus de 35 ans. Rencontre avec Michel Debrulle, batteur – percussionniste et directeur artistique de cette asbl atypique.
Si paradoxalement la crise sanitaire a ralenti le rythme de la vie culturelle, l’actualité du Collectif du Lion n’en reste pas moins riche ! Avec un album release au Bozar, une performance au Manège Fonck ainsi qu’à la Boverie, une autre à l’Espace Magh, une sortie de clip et de multiples dates de concerts à travers la Belgique, le lion reprend son souffle.
On ne s’est jamais dit : “ça, on ne peut pas faire !”
Gare aux formalistes qui s’obstineraient à catégoriser le style du collectif ! « On a toujours ce truc borderline où on n’est “pas assez ceci” ou “trop cela” selon des formats de plus en plus oppressants ! Il y a toujours cette question-là de nous caser pour nous permettre d’aller vers un public. » se désole Michel Debrulle. L’équilibre entre liberté artistique et identité artistique est substantiel lorsque l’on mêle autant d’influences différentes. « On part toujours des projets et des gens avec qui on travaille. Avec notre expérience, on sait qu’il y a des styles de musiques et des compositions où on n’a pas l’instrumentation pour le faire. (…) Avec SilverRat Band on ne va pas se casser les dents sur des morceaux où il faudrait une guitare et un clavier pour que ça sonne. » explique le batteur. Ce qui unit les projets et groupes du collectif ? Une certaine éthique collective de créativité. Une forme de résistance face aux formats de l’industrie musicale et de la crainte des diffuseurs à bousculer leur public. Le directeur artistique nous explique la confrontation face aux radios, aux maisons de disques, aux salles de concert que ce genre de liberté impose. « On est toujours confronté à cette fermeture d’esprit. C’est fatiguant parfois ! Mais c’est aussi ce qui fait qu’on a cette identité et qu’on nous reconnait, que ce soit une qualité ou un défaut. On ne va pas mettre du synthé ou de l’électro parce que tout le monde le fait ! Si on le fait, ce n’est jamais un choix dicté par une recherche de popularité » nous confie-t-il. « Par exemple moi je trouve ça chiant qu’il y ait de l'électro dans tous les groupes ! Parfois c’est juste pour camoufler un manque de composition, on met du son parce qu’en-dessous il n’y a rien. »
Une identité jazzy qui n’a pas peur de se diversifier — Laurent Keysers Tout commence dans les eighties, quand Michel Debrulle est alors gérant du Lion s’envoile, rue Roture. Juste à côté, le Kultura d’aujourd’hui est alors le grand incontournable liégeois de la culture alternative : le fameux Cirque divers. C’est là que de nombreux groupes issus du Collectif du Lion font leurs premières armes. Les événements du Cirque Divers servaient de grands laboratoires au collectif pour chercher leur identité propre. Nous sommes alors en 1989, où le collectif dépose son statut d’ASBL, forme de reconnaissance certaine à une époque où le statut d’artiste comme on le connaît aujourd’hui n’existe pas. Ce n’est d’ailleurs qu’en 2007, près de 20 ans plus tard, que le Collectif du Lion est reconnu officiellement comme artiste. Mais s’il est un point commun entre tous les projets du collectif, c’est cette identité jazzy. Ce jazz, rempli de sonorités bien particulières, est aussi doté d’un côté d’improvisation tout aussi extraordinaire que complexe. Au fil des années, le monde, les projets et le public évoluant, ces groupes au départ très musicaux se diversifient. Aujourd’hui, on retrouve sous l’égide du collectif des EP, des albums, des moments de poésies et des spectacles pluridisciplinaires mêlant chant, danse et théâtre. |
Parmi les multiples projets du collectif, trois groupes et deux spectacles sont particulièrement actifs dernièrement :
Répercussions - ID
Une performance alliant jazz, danse contemporaine et hip-hop, et lecture avec pour thème le questionnement de l’identité.
- Espace Magh : Du 8 au 10 octobre 2020
Est-ce un oiseau ?
Reconstitution scénique du Procès Brancusi mélangeant musique, théâtre, poésie dans le but de questionner avec ironie ce qu’est une œuvre art.
- Manège Fonck : 1er octobre 2020
- Musée de la Boverie : 12 décembre 2020
Surréalisme : Rêve d'éléphant orchestra
Un univers surréaliste, une rythmique ultra riche et des mélodies sublimes, le septet s’inspire tantôt de sonorités plus latines ou nord-africaines tantôt de sons plus locaux et folklorique. Une liberté artistique qui ravira les uns et déconcertera les autres mais les surprendra tous !
- Sortie d’album : 21 octobre au BOZAR à Bruxelles
Simplicité et efficacité : Amis Terriens
Venant de la scène slam à la base, l’ami terrien au singulier, François Laurent, a associé ses textes tantôt politiques tantôt humoristique au rythme de la batterie et aux mélodies de la guitare-basse pour composer ce trio où la simplicité et l’efficacité de la musique sont au service des mots.
- Sortie de clip : 16 octobre
- Concert : 17 octobre au Gaume Jazz d’automne - Rossignol
Mélange improbable d’hip-hop en fanfare : SilverRat Band
Style totalement improbable de hip-hop où la boite à rythme et les bass 808 sont remplacés par 2 saxophones, un euphonium et une batterie.
- Concert : 6 novembre au Cercle St Charles de Charleroi