LE MOIS DU DOC, LE BINGEWATCHING INSTRUCTIF ET LOCAL
Rédaction : Anthony Katone // Visuels © D.R.
Initié par le Centre du Cinéma (Service de l’Audiovisuel et des Médias de la Fédération Wallonie- Bruxelles) comme un festival transrégional diffusé à travers différentes salles de la fédération, le Mois du Doc s’est vu obligé d’entièrement digitaliser sa programmation suite au confinement. Depuis le 1er novembre l’évènement en ligne propose un catalogue de plus de 70 documentaires belges via les plateformes Auvio, Sooner et Arte jusqu’à la fin du mois (dont une quinzaine disponible gratuitement).
Prévu à la base dans des salles telles que la Sauvenière, le Parc, l’An Vert, le Point Culture et d’autres réparties autour de Liège, le Mois du Doc (anciennement le Week-end du Doc) planifiait une vingtaine de séance dans la province accompagnée d’une rencontre avec le réalisateur. Pour cette édition exceptionnelle c’est la RTBF et Arte qui ont programmé 72 films à voir en VOD ou directement à la télévision. Un choix imposé par le lock-down mais qui représente une opportunité d’atteindre un nouvel auditoire.
Si le documentaire belge possède une réelle réputation internationale auprès d’une audience initiée, il peine encore à atteindre un public populaire. « La Belgique a une longue tradition de documentaires qui date des années 30, il y a un ancrage fort dans cette discipline. Et le pays peut se targuer d’avoir des films qui s’illustrent énormément en festival. » nous explique Jeanne Brunfaut, directrice générale adjointe du Service général de l’Audiovisuel et des Médias. Malgré de réels succès au box-office comme Ni juge, ni soumise (Jean Libon et Yves Hinant, 2017) ou L’homme qui répare les femmes (Thierry Michel, 2015), le Centre du Cinéma se donne comme objectif avec des évènements comme le Mois du Doc d’aller à la rencontre des spectateurs.
Car les spectateurs possèdent encore quelques aprioris sur le cinéma belge dans son ensemble. Un cinéma perçu « à petits budgets » ou avec des thèmes « trop souvent sociaux » (Etude de l’image et de l’attractivité du cinéma belge francophone, FWB, 2019). Un constat qui ne se répète pas pour le documentaire selon Jeanne Brunfaut : « Contrairement à la fiction, pour le doc les gens n’ont pas ces stéréotypes. Le documentaire parle tellement de tout. Les films peuvent traiter de sujets super locaux ou très internationaux, du drôle au dramatique (...). » Une grande diversité donc qui rendrait peu pertinent la volonté de définir une approche belge du format. Il y a cependant une volonté commune plus européenne de produire des documentaires dits de « création », « Des films avec un réel point de vue d’auteur, montrer son regard sur une question sans forcément avoir toutes les réponses. Soulever des interrogations et exposer sa vision décalée sur le réel, plutôt que de simplement répéter la réalité. »
THE SOUND OF BELGIUM de Josef Devillé (2012)
Disponible sur Sooner pour 2.99€
Une reconstitution de la Bataille de Waterloo sous un fond musical d’acid trance, voilà le genre de début lunaire par lequel le film nous introduit ! Un documentaire qui retrace la vie nocturne (si vous vous souvenez de ce que c’est) de notre plat pays et où le réalisateur nous raconte au travers de témoignages et d’images d’archives une histoire méconnue de la Belgique, celle de la musique électronique. Rythmé par une bande son ultra énergique le film nous décrit notamment les sonorités sombres, dures et répétitives qui ont fait la spécialité de la New Beats, sorte de « French Touch » bien de chez nous. De quoi toiser les Dafts Punks, Dj Medhi, et autre Justice... Un film qui pourrait vous donner envie de voir ou revoir Belgica (2016) de Felix Van Groeningen, où fête et musique sont à l’honneur.
> Bande annonce <
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AUX TEMPS OU LES ARABES DANSAIENT de Jawad Rhalib (2018)
Diffusé sur la Trois le 16 novembre à 21h05
En plus d’être une œuvre cinématographique très esthétique, le documentaire aborde un sujet essentiel trop souvent mal traité : la liberté d’expression artistique confrontée à l’extrémisme religieux. Un sujet lourd qui semble s’être ancré éternellement dans l’actualité. Chose qui rend d’autant plus ce film nécessaire comme point d’introduction à la compréhension d’une problématique complexe. Illustré de témoignages d’artistes contemporains tel que le comédien Mourade Zeguendi (Les barons, 2009) ou des images d’archives comme le désormais célèbre discours du Président égyptien Nasser sur le voile, le film met en parallèle un temps où « les arabes » conciliaient culture et religion avec notre époque où l’extrémisme tente de brider l’émancipation que propose l’art par la censure.
FROM TOILETS TO STAGE de Vincent Philippart et Dominique Henry (2018)
Disponible sur auvio
La vie de festivalier vous manque ? Découvrez les coulisses de Dour, notre Woodstock moderne où, de la programmation au démontage, vous suivrez les principaux acteurs de l’organisation du festival. Sans faire d’impasse sur les excès, le film observe ce phénomène sociologique central du paysage culturel belge. Une petite bouffée d’oxygène pour les nombreux festivaliers séparés depuis trop longtemps de leur terrain de jeu. Si l’ambiance vous a plus, le documentaire Woodstock (1970) de Michael Wadleigh vous fera découvrir l’unique édition de ce qui est certainement le festival le plus légendaire de notre histoire.
> Bande annonce <
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NI JUGE, NI SOUMISE de Jean Libon et Yves Hinant (2017)
Disponible sur Sooner pour 2.99€
Pour son retour en long-métrage, la célèbre émission Strip-tease suit le quotidien de la juge d’instruction Anne Ruwez lors de visites de scènes de crime, d’enquêtes criminelles et d’auditions. La personnalité extravagante d’Anne et ces multitudes d’évènements nous font osciller entre éclats de rires et profonds malaises. Une mise en scène du réel qui ne vous laissera pas indifférent tant pour son humour, son aspect voyeuriste ou encore son réel apport informatif du fonctionnement de la justice belge.