LES FUGUEURS DU LIVRE AU GRAND CURTIUS
Rédaction : Patrick Ndibwalonji Badibanga // Photos : Prodije Mbonzo
Ce premier week-end de décembre, le Grand Curtius accueillait la 8e édition des Fugueurs du livre, consacrée aux petits éditeurs. Organisé en collaboration avec le Comptoir du Livre et la Ville de Liège, ce salon de la petite édition offrait la possibilité de découvrir le monde littéraire sous un angle différent. Suivez-nous pour une incursion dans l’univers magique des livres où tout devient possible !
« La littérature, c’est l’art de se taire ! » En voilà une affirmation paradoxale de la part de Philippe Hauer quand on voit avec quelle passion il lit un texte édité par ses soins ! Le paradoxe, c’est le terme qui convient le mieux à ce représentant des Éditions Vanloo qui nous vient tout droit d’Aix-en-Provence.
« Je suis un éditeur non interventionniste », nous confie-t-il par ailleurs devant un auditoire médusé par ce qu’il vient d’entendre. Décidément, ce salon n’est pas comme les autres ! Petit morceau choisi d’une des lectures de Philippe : « Un enfant ? Oui ! Une fois, j’en ai eu un. Mais je ne l’ai pas gardé. Je l’ai eu trois semaines puis je l’ai rendu. » Interpelant ! Certes, mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Un peu plus tard, dans la journée, nous ferons la connaissance du fanzine.
« Le fanzine, c’est un livre d’artiste en 20 fois moins cher », nous explique un des fondateurs de la Petite Fanzinothèque Belge. « Avec une simple feuille A4 pliée plusieurs fois et une agrafeuse, on peut déjà en créer une ! » Quant à son contenu, il s’agit souvent de dessins couplés à un petit texte. Mais on pourrait en faire une qui regrouperait des recettes de cuisine si tel était notre désir. Il n’y a pas vraiment de frontière entre le fanzine et les autres formats littéraire, si ce n’est peut-être le prix. À l’image du reste de ce salon de l’édition atypique, l’atelier sur le fanzine nous montre à quel point on peut tout faire en matière de littérature. Ce n’est donc pas étonnant que Jean Pierre Hupkens, échevin de la culture de Liège, soit venu participer à cet évènement regroupant tant de talents. L’autre raison de sa présence en ce lieu de culture, c’est la remise du prix Marcel Thiry. Le lauréat de cette année n’est nul autre que Sébastien Fevry pour Brefs Deluges, son deuxième recueil de poèmes. Si ce nom pourrait vous être inconnu, il n’en ai pas de même pour les membres du jury du prix Marcel Thiry. En effet, il avait déjà participé au concours avec son premier ouvrage, Solitude Europe, et était arrivé parmi les finalistes. Sa victoire est donc une suite logique des choses. Et pendant que le président du jury lisait un passage de son dernier opus, le public pouvait déguster une collation offerte généreusement par les organisateurs. Il n’y a pas à dire, aux Fugueurs du livre, on met les petits plats dans les grands. Voyons maintenant ce que les uns et les autres ont pensé de ce salon...
Impressions des exposants et des organisateurs
« Les salons, c’est fait pour rencontrer son public ; et là, nous ne pouvons pas nous voir », constate Timotéo Sergoï avec une pointe d’humour. L’humour, ce n’est que l’un des nombreux talents de cet artiste aux multiples facettes. Ce dernier a notamment réussi l’exploit de faire un poème de plus de 800 km. Impossible ? Pas pour Timotéo ! Parti de Namur pour rejoindre la vallée de la Dordogne, ce baroudeur a disséminé ça et là des parties d’un poème. S’il y a bien une personne qui symbolise les Fugueurs du livre, c’est bien lui !
Timotéo sortira prochainement un livre reprenant le poème en entier. En attendant, en voici un avant-goût : « Ralentir est notre première puissance ; respirer, notre nouvelle naissance. » Respirons donc et allons recueillir les premières impressions des personnes qui font vivre le Comptoir du Livre. « Nous sommes déjà contents que le salon ait pu être organisé. Jusqu’à vendredi après-midi, nous n’étions sûrs de rien », nous avoue Emelyne Delfosse qui travaille dans la librairie située rue Neuvice. Les fugueurs du livre, c’était aussi l’occasion de découvrir des nouveautés qu’on ne verra peut-être pas ailleurs.
Grande première
Pour ceux qui seraient tentés par l’aventure fanzine, Le petit Pangolin illustré est distribué chaque mois dans les boites aux lettres de ses abonnés. Pendant que certains se morfondaient lors du premier confinement, des auteurs et autrices belges créaient cette publication pour propager leur passion. En matière de nouveautés, nous avons aussi eu droit à la présentation de Déchitectures, le premier ouvrage poétique de Denis Pepic. Celui-ci est le premier écrivain édité par Le Boustrographe et est à découvrir en avant-première au Comptoir du livre à partir du 15 décembre. Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur cette pépite, nous lui consacrerons un article les jours prochains.