LIÈGE VIBRE AU SON DU CONGO !
Rédaction : Cécile Botton & Patrick Ndibwalonji Badibanga
Photos : Dominique Houcmant
Déplacer divers artistes congolais en Belgique : certains en rêvaient ! Dans le cadre du Festival Corps de Textes, le Théâtre de Liège l’a fait ! Sept jours durant, Liège s’est transformée en capitale culturelle du Congo. Que reste-t-il de cette semaine épique ?
Le Théâtre de Liège dans tous ces états !
« Il était une fois. Oh non… Elle était une fois Remontada », clame Lisette Lombé. Mais, de qui parle-t-elle ? Remontada… ce mot, tout récent, apparait pour la première fois dans le Larousse de 2021. Il signifie remontée de soi-même, reconquête de soi. Cette reconquête de soi, Lisette la porte haut et fort. En osmose totale, avec sa claviériste Cloé du Trèfle, la performeuse nous entraine dans un voyage qui ne cesse de monter en puissance. L’alchimie entre voix, musique et danses endiablées captivent un public ébahi face à cette remontée dans le passé. A sa façon, Lisette nous émancipe du regard des autres et nous n’avons d’autre choix que de rentrer dans sa bulle… dans son monde. C’est d’ailleurs sous une longue standing ovation que se clôture, ce puissant moment, suspendu dans le temps !
« Seul Dieu sait si nous avons été fabriqués à son image », nous rappelle Fiston Mwanza Mujila afin de nous démontrer que personne ne peut nous juger. En contrefaisant une sorte de pasteur hystérique à moitié ivre, l’artiste présente son recueil de poèmes de façon peu conventionnelle. Et que dire de son acolyte Pytshens Kambilo qui l’accompagne à la guitare. Par la suite, nous avons eu l’occasion de découvrir son répertoire musical au Café des Arts.
Et quand on voit comment s’est trémoussé Moïse Ilunga, on se dit que réellement ça ne se passe pas qu’à Kin ! Israël Tshipamba Mouckounay nous démontrera du reste qu’amener le Congo en Belgique n’est plus une utopie. Avec son interprétation du récit Le fossoyeur d’André Yoka, nous avons l’impression que l’auteur est parmi nous. « Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie » nous scande Israël avant de nous expliquer la raison d’être de cette phrase. Si c’est la mort d’un ami étudiant qui a inspiré cette histoire, c’est la verve de l’interprète qui semble l’avoir transformé en hymne à la vie. Nous retiendrons enfin une phrase qu’André aurait voulu nous dire lui-même : « La révolution mes amis, c’est comme une main. Un doigt seul ne peut rien ».
Et dans les autres lieux culturels de Liège ?
« Une larme de trop, ça n’existe pas » clame la jeune slameuse, Hirondelle qui louche. La Zone, le territoire des beaux textes où les mots prennent vie. Quelques extraits choisis : « J’ai besoin de couleurs vives pour vivre, mais les ténèbres m’attirent aussi », « J’attends que l’homme se découvre humain pour ne plus piétiner la dignité des uns », « Ce n’est pas parce qu’on se dit “ tu ” qu’on se dit tout ». La Zone, c’est aussi un lieu à l’humour décalé. « J’ai fait un texte sur mes deux passions : Liège et l’alcool » nous lâchera un des slameurs en toute décontraction. Mais, la Zone, c’est avant tout un lieu où les émotions voyagent en toute liberté. « Je me souviens le jour où j’ai laissé entrer l’amour, mon cœur battait au rythme des tambours » nous avouera Do Nsoseme arrivée tout droit de Kinshasa.
Quant au musée Curtius, il fut envahi par des chorégraphes venus repousser les frontières entre danse et littérature. Samedi soir, le Pépouz café aura également eu son heure de gloire avec un concert de Shak Shakito. Et, comment ne pas parler de la soirée de clôture au Trinkhall café où DJ Spilulu a mis le feu comme jamais !
Le festival Corps de Textes, c’est une traversée à part entière qui ouvre toutes les portes. L’espace, le temps et l’histoire ne sont que quelques-uns des périples que nous traverserons. En attendant la prochaine édition ou si vous avez raté quelques épisodes, rendez-vous sur la page Facebook du théâtre où vous pourrez revoir le festival en images.