ON NE S'EXCUSE DE RIEN : UN RECUEIL, CINQUANTE-SEPT VOIX
Rédaction : Olivier Sogan // Photo & Slam : Mel
Ce Vendredi 18 octobre, comme chaque mois, le Grand Curtius accueillait l’Apéro Littéraire. A l’honneur, Lisette Lombé ! L’occasion pour la fondatrice de L-Slam de (re)présenter le premier ouvrage de ce collectif de poétesses : On ne s’excuse de rien.
Quai de Maastricht, Grand Curtius. L’auditorium, familier de ces apéros littéraires mensuels organisés par la Ville de Liège, se remplit. Les amateurs de littérature sont accueillis par Isabelle Peeters, bibliothécaire-dirigeante du département de la culture. Devant elle, une table sur laquelle des verres de vins attendent patiemment d’être sirotés. Vous avez dit apéro ?
Un peu plus loin, Lisette Lombé, poétesse aux multiples facettes, est en pleine conversation. Tête d’affiche de la soirée, elle discute entourée de femmes. Disséminées aux quatre coins de la salle, d’autres femmes font pareil : l’ambiance est légère. Plus que quelques minutes avant le coup d’envoi. Pour ce énième Apéro Littéraire dont la première édition remonte à 2014, l’auteur de Black Words, un recueil de poésie publié chez L’arbre à Parole en 2018, présente son dernier projet « On ne s’excuse de rien » paru en mai dernier aux éditions Maëlstrom reEvolution,
Selon Lisette Lombé, citoyenne d’honneur de la ville de Liège, il s’agit d’un « texte chorale, métissé, avec des sujets qui tiennent à coeur ». Et sur ce projet, elle n’est pas seule : cinquante-sept voix l’ont accompagnée.
L’aboutissement de quatre années de travail
« Cet ouvrage est une magnifique opération entamée il y a plusieurs années. » explique l’éditeur David Giannoni. « Son objectif : inviter des femmes de tout horizon socio-culturel à prendre la parole, à monter sur scène, à écrire et à dire leurs textes. » Les cinquante-sept textes consignés dans l’ouvrage ont en effet été écrits par les participantes des ateliers L-Slam. Une seule contrainte ! Les écrits se devaient d’avoir été partagés sur scène. « On ne s’excuse de rien, un vrai slogan résumant bien ce livre » conclut l’éditeur.
Après une discussion entre la slameuse et David Giannoni, la place fut laissée à plusieurs artistes : la musique de Masha Baltus et de Jacques Prnt ainsi que les voix d’une demi-douzaine de slameuses. Des slams partagés par quelques-unes des auteures présentes dans le recueil. Des textes parfois drôles, souvent poignants et toujours écrits avec leurs tripes.
Une soirée bien trop courte… Deux heures après le coup d’envoi, on sifflait la fin des réjouissances. Mais pas de panique : il vous suffit d’écumer les scènes belges pour retrouver la magie de ces slameuses. Quant aux Apéros Littéraires, ils seront de retour le 15 novembre, avec les Lauréats du Prix Marcel Thiry 2019.
Le slam de Mel
Toutes Femmes
Une carte blanche donnée aux femmes
Ce soir, la game déclame le noir
Viscères aux portes du larynx
Telle une messe noire
C’est le même combat qui se colporte
Depuis que la femme boycotte
Les différences entre un masculin et un féminin
Ça grince, des mâchoires se serrent, coincent
Quand on entend des vices qui se prospèrent
Dans notre société
L’émissaire perd ses vers
Sa face contre terre
On cogne protestataires
Des chefs d’accusations qui nous meurent
Plus légitime qu’un génocide de gamètes
Le leur
On se pose ici, on ose, on pose le vers
Remplit le récit, pillant la stère
Ce soir, j’entends, je ressens
Ce soir, ça se passe dans le cœur de nos sœurs et nos mères
On fait tomber le voile
On représente une horde de femmes
Du genre à part entière
Pas de demi-molles solitaires
Ici, on ose parler de la manière
Qu’ont eu certains genres à briser l’hymen
L’hymne universel
Pourtant ritournelle, carrousel médiatique
Où les mots sont juste un mythe
Catastrophe, déséquilibre en concordance
Vous l’excuserez encore?
Nous, ce soir, on ne s’excusera de rien
Et crois-moi bien, ici est rapporté
Toutes ces vérités qu’on nous baume
Au creux des mains
Le Sacré s’est réveillé
On ne vous l’a pas encore enseigné
Le Sacré est Féminin
Ce soir, on porte une parole universelle
Ce soir, on se heurte à dire qu’on ne sera plus de celles
Qui n’ont pas eu d’autres choix
Que de nourrir leur gangrène
Sans silence
Ce soir, on ne s’excuse de rien !