Chronique : Anaïse Lafontaine // Photographies : Christophe Dehousse
Odezenne avait rendez-vous avec son public liégeois ce mardi 23 avril au Reflektor. Retour sur une soirée dans la moiteur de l’exaltation, qui a célébré le vague à l’âme en lui souriant le verre en l’air.

Condensation d’humanoïdes impatients
21h : la salle du Reflektor est bouillante. C’est le début du printemps ; il fait chaud dehors, il fait chaud dedans. Je me faufile pour trouver un angle de vue afin d’admirer le groupe sur scène. Trois ans après Dolziger St. 2, Odezenne vient jouer Au Baccara, un album très travaillé qui souligne la particularité du groupe à manier poésie et musique avec beaucoup de talent. Instigateurs du rap chanté, ils sont désormais connus du public depuis une dizaine d’années. Le visuel est très présent dans leur signature artistique, par leur paroles, leurs clips soignés ou le graphisme entourant leur nom et leurs albums. Le groupe façonne son image consciencieusement, toujours avec cette touche de spleen élégant et doux qui leur est propre.
De l’amour à profusion
L’amour, le sexe, les relations, principaux thèmes du groupe qui manie habilement de leurs voix graves des mots parfois piquants. L’honnêteté et l’humour sont clairement ce qui plaît à leur public qui se marre parfois au coin de certaines tournures de phrases.
« Ouais, ça fait quarante-huit heures qu’on est à Liège le piège… en terrasse ! » Odezenne se donne résolument à ses spectateurs qui chantent beaucoup et dansent avec fougue. Les cheveux s’échouent joliment sur la sueur des fronts et les jeans collent lorsque toute l’assemblée chante le fameux titre « Je veux te baiser » ou « Bouche à lèvres ». La frénésie atteint son summum lorsque les premières notes de « Souffle le vent » retentissent. Ode à l’impudence, cette chanson se tord effrontément dans les (pauvres) cerveaux et fait tournoyer les corps. Eclectique, le public semble découvrir en partie le nouvel album, mais boit cependant les paroles z par le groupe avec beaucoup d’attention.

Epicuriens mélancoliques
Ce qui est remarquable avec Odezenne, c’est qu’ils arrivent à capter l’air du temps en donnant l’impression qu’ils racontent de petites anecdotes personnelles. Surtout, ils nous font danser, le texte et la mélodie se partagent et se rejoignent avec la même intensité. Le groupe fait ce qu’il aime et ça plait, parce que c’est authentique. Ils arrivent à marcher sur le fil, entre l’accablant et l’extraordinaire. Tels des flâneurs modernes qui décrivent leur monde, les gars d’Odezenne sont touchants, car ils grattent sous nos surfaces puis remettent une couche de pommade par dessus avec leur musique. Leur textes évoquent sans cesse la fatalité de la vie, alors autant faire comme eux, la prendre avec un peu dédain et en faire une fête !
Le titre : « On va mourir demain moi j’veux vivre maintenant » est extrait du morceau «Lost » (Au Baccara)
« Pauvres cerveaux » est repris de «Vodka» sur le même album.
« Et ça me porte au loin
(« Jacques a dit » - album Au Baccara )
Les années mortes sont belles
J'ai pas compris la vie
Mais Jacques a dit tapis
Les années mortes sont loin
Et ça me porte loin d'elles
J'ai pas compris la vie
Mais Jacques a dit tant pis
Rattraper les non-dits et les mensongeries
Tu pousses un peu tu vis, c'est une étrangerie
L'attente elle est bannie, il faut plonger
Éperdue dans la nuit, il faut lover »
© Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse © Christophe Dehousse