QUAND LE HIP HOP LIÉGEOIS MILITE À LA ZONE
Rédaction : Ludovic Minon // Photos : Marjorie Goffart
Samedi dernier, La Zone s’est faite hôte d’une soirée au bénéfice de l’association Migrations Libres. Loin de la guinguette tout public fatalbazookesque de la place Saint Lambert, une line-up hip hop 100% liégeoise a explosé les décibels pour la bonne cause. Et quelle cause… !
Une progra de feu digne d’un festival
Comme bien souvent, le public de La Zone est bouillant ce soir-là. Il faut dire que l’affiche de la soirée n’a rien à envier aux Fêtes de Wallonie. Et puis La Zone, c’est la zone. Lieu emblématique de la scène alternative liégeoise, avec son côté underground qui colle si bien au hip hop local. Impossible de ne pas se sentir concerné par les performances vu la proximité imposée.
Premier groupe programmé, La Clique met une claque d’entrée de jeu. Ces gars ont une rage communicative et une expression scénique jubilatoire. « La Zone La Zone La Zone ! » Les trois compères sautent si haut qu’on aurait presque peur qu’ils se prennent le plafond. Planqué en arrière-plan derrière un écran de fumée, leur beatmaker Tomoyo. Assurément un artiste à suivre, puisqu’apparemment dans tous les bons coups. Le show de La Clique fini, lui reste en place… puisqu’il est également le beatmaker du groupe suivant : Marbre ! Habitués de la scène slam de La Zone, les deux rappeurs y jouent comme à domicile. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le plafond à ras du sol leur va bien.
Changement d’ambiance avec Libertas Gentes. Mélange d’esprit punk et hip hop, le tout calé sur une instru métal bien grasse. Ça part en noir et blanc et ça picole de la 50cl sur scène. « La gauche, la droite, le roi, la loi… Mascarade ! Mais personne n’y croit ! » De quoi faire trembler les murs… C’est ensuite avec surprise qu’on découvre Lord & Hardy, qui la veille encore jouaient aux Nuits Indé, place Saint-Etienne. « Mangez des légumes ! » Quoi ? Avec des interludes dignes de Bouffe-moi d’l’Art, le côté déjanté de la soirée, c’est eux ! Et quoi de mieux qu’une afterparty signée Dj Sonar & Colonel pour mettre tout le monde d’accord ?

La Zone, repaire contestataire
Mais si tout ce beau monde est réuni ce soir, ce n’est pas que pour la musique. Partenaire de l’association Migrations Libres, c’est La Zone qui est à l’initiative de l’événement. Et plus particulièrement, Mathieu Belotte, responsable de la programmation. « J’ai sélectionné quelques groupes dans lesquels j’avais au moins une connaissance et leur ai demandé s’ils voulaient venir jouer gratuitement pour Migrations Libres » explique-t-il. « Tous ont répondu oui directement. Je n’ai même pas eu à élaborer un plan B, ça s’est vraiment fait très rapidement. » Quand c’est pour la bonne cause, les Liégeois n’hésitent pas. « Sonar habite à côté, je l’ai croisé dans la rue alors qu’il sortait de chez lui et lui ai simplement demandé si ça le branchait de venir jouer » raconte Mathieu. « Il a tout de suite accepté ! » Emballé, c’est pesé. Lord & Hardy ont accepté en oubliant qu’ils jouaient la veille pour les Fêtes de Wallonie… « On les a quand même rajoutés en guest ! »

Migrations Libres
Peut-on aider des réfugiés alors que notre propre situation est précaire ? Pour Migrations Libres, la réponse est un grand oui. « Nous avons voulu casser le discours qui prétend l’inverse » explique Thierry Müller, fondateur de l’association. « Il n’est pas toujours évident de pouvoir héberger quelqu’un quand on est chômeur par exemple. S’organiser en association nous permet d’aider malgré tout. » Fondée en 2018, Migrations Libres réalise des actions de sensibilisation et de lutte contre la politique migratoire du pays. Mais surtout, elle offre un toit à une dizaine de personnes, plusieurs jours par mois. « Au départ, nos invités retournaient dès que possible sur Bruxelles, vers le parc Maximilien » raconte Thierry. « Plus tard, quelques-uns ont voulu rester à Liège. Ils se sont alors impliqués dans l’association-même. » Résultat ? Des initiatives nouvelles se mettent en place : tournoi de mini-foot, bientôt peut-être un atelier de théâtre.
Mais avec quels moyens fonctionne l’association ? « Migrations Libres est auto-géré et auto-financé » détaille Thierry. « Nous disposons du soutien officiel de 25 associations comme L’Aquilone, Barricades, La Zone, le CPCR, Les Grignoux, Solidaris, etc. » « Certains nous apportent un soutien financier, et d’autres une aide matérielle : moyens de transport, lieu d’hébergement gratuit, etc » Mais encore : cette soirée de soutien organisée par La Zone. Dans laquelle se mélange hébergeurs, réfugiés, amateurs de hip hop, artistes… dans un grand et joyeux bordel !












