QUAND L’EAU PREND LE DESSUS…
Rédaction : Cécile Botton / Photos : Adrien De Hemptinne
Du 6 mai au 6 juin 2022, le 54 de la rue Feronstrée accueille « Fluctuations : l’architecture peut-elle réconcilier le fleuve et les habitants ? ». Au cœur de cette exposition, organisée par l’Institut Culturel d’Architecture, l’eau, une force de la nature que l’Homme peut difficilement contrer. Petit retour sur la rencontre avec David Serati, architecte et chargé de communication pour l’ICA.
« Nous sommes nomades et nous organisons des expositions, des conférences en lien avec l’architecture, la culture architecturale un peu partout en Fédération Wallonie-Bruxelles » explique David. Deux fois par an, le collectif met une exposition sur pied. Pour Liège, c’est une première ! « On se devait de réagir à l’actualité et ainsi, lier la catastrophe de l’an passé avec le message qu’on voulait transmettre » lâche l’architecte. C’est ainsi que le lien entre fluctuations et inondations s’est très vite mis en place.
Sinistrés des vallées fantômes
Dix mois déjà, on ne peut oublier cette catastrophe qui hantent encore tant d’esprits ! Pour leur projet « Debout et digne » le journaliste, Hugues Dorzée et le photographe, Goldo ont pris le temps de rencontrer des sinistrés de Chênée. « Il y a un lien fort qui s’est créé entre eux, c’est beau… C’est pour ça qu’on a mis la catastrophe au cœur de l’expo… Une manière de rendre hommage à tous les sinistrés » confie David. Au centre de la pièce, photos et témoignages poignants retracent ce qui s’est passé du 14 juillet jusqu’aux travaux de rénovations. On y parle de l’attente, du sauvetage, de la décrue, des pertes… Car, ne l’oublions pas, face à la force de l’eau, l’Homme ne peut que plier ! Suite aux changements climatiques de ces dernières années, ne serait-il pas temps de changer notre manière de domestiquer l’eau ? Quant est-il à Liège ?
Influence de la Meuse sur le développement de Liège
« C’est vrai que les inondations ont touché la vallée de la Vesdre et de l’Ourthe, mais nous avions également envie de travailler avec la faculté d’architecture de Liège et son service d’archives » explique David. C’est ainsi qu’un pan de l’expo est consacré à l’histoire de Liège et son rapport avec la Meuse. On y retrace deux-cents ans d’histoire. Dans un premier temps, la ville interagit avec son fleuve. Ensuite, Liège domine son fleuve et érige barrages et canaux pour le dompter et éviter les inondations. C’est aussi l’époque des grandes expositions entrainant dans son sillage de grands changements urbanistiques. De grands sites sont créés le long de l’eau. Et puis dans les années 60-70, la ville renie son fleuve et fait de ses quais de véritables autoroutes urbaines. Depuis les années 90, se dégage l’envie de retrouver le « Fleuve » et de réaménager ses berges.
Et pour le futur ?
De tout temps, l’Homme a tenté de domestiquer les cours d’eau qui l’entourent. Pourtant les risques d’inondations sont bel et bien présents. Alors, nous n’avons d’autres choix que de vivre avec ! C’est ce que propose le reste de l’exposition : une autre vision de l’eau avec diverses propositions tantôt utopiques, tantôt réalistes. Par exemple, explique David, « le projet des architectes liégeois Martiat & Durnez proposent plusieurs dispositifs appliqués à une maison d’habitation unifamiliale qui resterait vivable malgré les crues ». Quant à l’agence pluridisciplinaire Taktyk, elle propose de redonner une place à l’eau dans l’espace public. Notamment, à Bruxelles, avec la création de parcs éponges, de digues poreuses, de maillages pluie, de marais frais, … En fait, il s’agit simplement de concevoir l’espace public en fonction de la quantité « réelle » d’eau qui va tomber. Une autre approche de l’eau qui nous tombe sur la tête !
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