QUATREMILLE, LE RECAP 2020
Rédaction : Olivier Sogan
Ne fais pas semblant, tu as hâte que 2020 s’achève ! Il faut admettre que la rédaction de Quatremille en est au même point : la crise sanitaire et les confinements nous ont également mené la vie dure. Il y a pourtant de quoi être fier, lorsqu’on pose les yeux sur l’année écoulée. L’équipe s’est démenée pour confectionner quelques sujets, qu’on va te faire (re)découvrir avec un petit récap’.
Les derniers events avant l’apocalypse
Entre pièce de théâtre engagée et soirée conceptuelle complètement déjantée, les premiers mois de 2020 s’annonçaient plutôt palpitants !
Jérôme Fafchamps, « le nouveau visage de la lutte contre le sida à Liège », nous a ainsi servi un témoignage poignant avec son spectacle Hurler à la mer, tandis que la soirée punk Drag Me To Hell, animée par le groupe Cocaine Piss, avait enfin rameuté ses bas résilles et ses vêtements en latex en Cité Ardente... On a même eu droit à la quatrième édition du Festival International du Graphisme, relaté par les chouettes plumes et images des collègues Joëlle Sprumont et Loris Arnoux.
Et puis, paf ! Corona s’impose dans nos quotidiens, nous cloître entre quatre murs, et nos plans tombent façon tartine beurrée qui échoue sur le mauvais côté.
La playlist de ta soirée à comité réduit du nouvel an ?
Conséquences directes du premier confinement sur l’industrie ? La massification des abonnements sur les plateformes de streaming musicales et vidéos1 d’une part, une digitalisation des services socio-culturels d’autre part. On serait alors tenté de qualifier 2020 de l’année du streaming, mais rien n’est plus faux si on se place du point de vue des artistes.
À en croire les chiffres, le streaming n’a pas été la grande porte de sortie escomptée pour l’industrie musicale, l’une des grandes fusillées de cette crise sanitaire. Pas de concert, donc moins d’entrées d’argent, dans un environnement où, comme le signale le rappeur américain J Cole dans le titre 19852, se produire sur scène est le meilleur moyen d'être rémunéré. Le Soir qualifiait ainsi l’industrie musicale dématérialisée d’« Arnaque du siècle », mettant en valeur les revenus minimes des artistes.
Malgré ce contexte peu propice, les musiciens liégeois nous ont gratifié de quelques pépites comme Black Moutain, premier album de Daddy Cookiz & B.R.C, Albi, le nouveau projet du rappeur Saints, ou bien Export, le challenge barré du rappeur Zori. On a aussi pu compter sur la programmation de 48FM et son soutien indéfectible au secteur socio-culturel local. Quant à nous, nous avons compilé un max de titres made in 4000 dans une playlist régulièrement alimentée, qu’on te propose de découvrir. C’est par ici !
Spectacle en claquette-chaussettes, sous la couette
Et si Jeff Bezos s’est fichtrement enrichi au cours de l’année (plus de 67,5 milliards de dollars, selon Forbes), c’est probablement que, comme nous, tu as investi massivement dans l’attirail plaid, chaussettes longues et vêtements confortables. Dans le même temps, tu t’es installé confortablement dans ton canapé, avec un chocolat chaud ou une tasse de thé, et tu as grandement profité de l’offre culturelle dématérialisée.
Admettons que les institutions culturelles ont mis les moyens pour s’adapter (avec plus ou moins de réussite… les aléas de la captation et de la diffusion online !). Plusieurs musées ont mis à disposition gratuitement leurs catalogues, le Mois du Doc a complètement digitalisé ses séances, l’atelier de production Camera-etc a, via le Creative 2020, diffusé plus d’une douzaine de courts métrages... En ce qui nous concerne, nous avons nous même retransmis des lives sessions via notre page Facebook.
Un des seuls rescapés de l’évent digitalisé ? L’Austral Boréal, qui s’est tenu en octobre au Manège Fonck, et qui a ravi un public depuis trop longtemps claquemuré. Une source anonyme indique néanmoins que le traitement des artistes laissait à désirer, dû notamment à l’obligation de les maintenir derrière la scène et donc éloignés du public. On suppose cependant que l’équipe organisatrice s’est dépatouillée comme elle a pu avec les normes sanitaires imposées.
Vision artistique 2.0
Si la crise sanitaire a affecté un grand nombre d'ascètes, certains y ont aussi vu une source d’inspiration, à l’instar de la photographe Johanne Moll, qui nous a offert la série de photo « Confiné.e.s », qu’on t’invite à découvrir.
La rédaction Quatremille a profité de cette année pour croquer les portraits d’encore plus d’artistes, comme celui de Jérémie Reners, le magicien vagabond. Notre super chroniqueuse, Cécile Botton, a également entamé la série Peps’ Artiste, par laquelle elle plonge dans les univers des musiciens Olivier Cox et Quentin Léonard.
En guise d’hommage à ces endroits qui accueillent les événements culturels qui font tressaillir la Cité des Prince Évêques et ses alentours, on a rédigé une série de portraits de structures telles que La Zone, le Hangar ou le Trinkhall Museum. Et puisque la région liégeoise regorge de talents et de coins bouillonnants, on est loin d’en avoir terminé !
Littérature et mode : les grands oubliés
Cet article rétrospectif n’aurait pas de sens sans un mea culpa : qu’en est-il des écrivains et des créateurs de mode ? Il y a bien la présentation du premier roman de Lisette Lombé, Venus Poetica (publié aux éditions l’Arbre à parole), et une autre sur Avec le regard de l’animal, la BD auto éditée de Julien Kartheuser. Quatremille s’est cependant muré dans le silence concernant l’actualité littéraire en cité ardente, pourtant foisonnante.
Et que dire du milieu de la mode, dont un seul papier (sur la Liège Fashion Week) est paru ? Promis, l’année prochaine on s’attardera sur ces deux pans culturels. En attendant, cher lecteur, tu pourras te consoler en relisant les papiers de nos estimés collaborateurs !
- Netflix, par exemple, engrange plus de 26 millions d’abonnements payants supplémentaires en un semestre (source : Statista) ; tandis que le marché global de streaming musical enregistre plus de 394 millions de comptes au premier trimestre 2020 (source : Counterpoint).
- “I got some good advice, never quit tourin' // 'Cause that's the way we eat here in this rap game”, tiré de 1985 (de l’album KOD de J Cole), qu’on pourrait traduire ainsi : “j’ai un bon conseil, n’arrête jamais les tournées // Car c’est de cette façon qu’on mange dans le rap game)
Envie de relire un article de 2020 ?