TAREK ESSAKER : LA FILLE DE LA RIVIÈRE
Rédaction : Patrick Ndibwalonji Badibanga // Photos : Prodije Mbonzo
Ce Mardi 26 octobre, le Blues-Sphere accueillait le poète Tarek Essaker. L'auteur y présentait La Fille de la Rivière, son nouvel ouvrage.
« Les rivières commencent et finissent dans des endroits troubles. Elles vont vers un lointain sans prétention ni attention. Elles ne vont vers rien parce qu'elles vont vers tout. » Ces trois phrases à elles-seules résument parfaitement le livre de Tarek. Produit d'une suite d'extraits en forme de fragments, l'œuvre du Tunisien d'origine est à mi-chemin entre le roman et le recueil de poèmes.
« Il n'y a ni fin ni commencement à cette histoire », peut-on lire à l'intérieur de l'ouvrage. En effet, nous avons l'impression que les extraits pourraient être intervertis sans que cela ne gêne la lecture. L'histoire en elle-même est celle d'une fille et d'une rivière marécageuse où cohabitent des silhouettes voulant échapper aux règles totalitaires de leur milieu. Le totalitarisme et l'intolérance font du reste partie des sujets de prédilection de Tarek Essaker, ce dernier se définissant d'ailleurs lui-même comme un éternel exilé.
« Je n'ai jamais arrêté de demeurer nomade », nous confirme-t-il si besoin en était. Cet état d'esprit vagabond qui l'habite depuis toujours se ressent tout au long du livre. D'ailleurs, les fragments qu'il nous livre sont issus de ses différents voyages. Certains passages ont été écrits à Tunis alors que d'autres ont été rédigés dans le Sud de la France, à Bruxelles ou encore à Liège.
De la Tunisie à Liège
« Mes personnages sont toujours des gens à la marge », nous avoue Tarek qui sait de quoi il parle. Activiste, militant, anti-raciste, il fuit sa Tunisie natale après avoir été emprisonné à plusieurs reprises à cause de ses positions politiques. Il débarque alors à Liège par hasard après un passage infructueux par la France. Commence alors pour lui une carrière universitaire qui débouchera sur la rédaction d'une dizaine de livres.
Paradoxalement, cet auteur prolifique n'aurait peut-être jamais sorti La Fille de la Rivière s'il n'avait pas eu le coronavirus. C'est après avoir attrapé cette maladie qu'il a commencé à rassembler les différents extraits écrits entre 2018 et 2020. Ne voulant pas qu'ils soient perdus au cas où il viendrait à trépasser, il les a envoyés à son ami Vincent. Celui-ci, voyant leur potentiel, les a structurés et lui a renvoyé un livre terminé : La Fille de la Rivière. Il n'en fallait pas plus pour combler notre passion de littérature.
Comme Tarek aime si bien l'affirmer: « L'écriture ne m'a jamais quitté. Ou alors peut-être ne l'ai-je jamais quittée ». Cette histoire d'amour avec la littérature, il l'a commencée à l'école secondaire. « Une prof de littérature française me donnait de bonnes notes et m'a incité à écrire. » Des décennies plus tard, Tarek se retrouve un mardi soir en Outremeuse pour une soirée haut en couleur.
Du beau monde au Blues-Sphere
« Tu m'expliques pourquoi il y a un vélo d'appartement au beau milieu de la scène ? », demande un spectateur sans vraiment attendre de réponse. En y regardant de plus près et en prêtant l'oreille, nous comprenons que cet outil est le moyen qu'Éric Doppagne a trouvé pour nous montrer sa danse d'orientation.
« Il faut lire de mauvais livres, ils nous autorisent à écrire. » Devant un public acquis à sa cause, Karel Logist nous sort ses plus beaux aphorismes. Ce n'est pas tout : nous avons aussi eu droit à plusieurs chansons d'un duo composé de Soledad Kalza et Sina Kienou. Après ce récital maîtrisé de bout en bout, 20 secondes de silence. Personne ne s'attendait à voir de tels musiciens à une soirée littéraire. Mais que serait une soirée sous le thème de la poésie sans la découverte de nouveaux talents dans le domaine ? Héloïse Hus et Thibaut Creppe ne sont que deux des nouveaux venus dans le milieu. Si vous avez manqué le rendez vous de ce mardi 26 octobre, pas de panique : il y aura d'autres soirées au Blues-Sphere. Après tout, comme le dit si bien Tarek Essaker : « Le temps obéit à ceux qui refusent de se soumettre. »
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