UN HYMNE À L’ACCEPTATION DE SOI
Rédaction : Gwenaelle Di Piazza // Illustrations : Anaïse Lafontaine // Photos : Dominique Rausch
Lorsque l’asbl D’une Certaine Gaieté et Sida Sol réunissent des artistes dans le cadre de la journée mondiale contre le sida, TREMBLEZ ! Votre imagination ne peut produire pareil spectacle ! De l’effeuillage, des froufrous, de l’élégance, du chant et… des histoires de cloportes ! Si vous pensez que votre quotidien est fun et surprenant, c’est que vous n’avez pas encore eu l’occasion de vous frottez à toutes ces merveilles !


Rien ne peut vous préparer à ça. Pourtant, l’inconnu a parfois du bon. Vous êtes assis confortablement dans les sièges du cinéma et, se succède devant vous une multitude de personnages et de personnalités. Une grande et jolie dame blonde aux traits forcés – qui en ferait assurément pâlir plus d’une dans la salle tant elle est bien conservée pour son grand âge - anime la soirée. Valentine Deluxe, de son doux nom, nous parlera de Polanski et exprimera son grand amour pour elle-même « Si je rencontre une femme comme moi dans la rue, je l’épouse tout de suite... Mais je me cherche encore ! » nous confie-t-elle au détour d’une anecdote. Le tout en nous faisant passer d’un tableau à un autre.
Mim' Ô Zette, Evita de Mee, Lisette Lombé, Vrsus autant d’artistes éveillant le public à l’acceptation de soi. Chacun à leur façon, ils nous montrent l’importance de vivre. Se libérer des autres et de soi-même. « Etre » simplement. Cette soirée est à l’image des personnages qui se sont présentées à nous, riche, décalée et incroyablement humaine. Après tout, queer, transformiste, gay, hétéro, cis ou transgenre, quelle importance ? Essaie déjà d’être toi-même, le reste peut attendre. Voilà le message prôné par la soirée. Certains jugeront d’un « tout est trop souligné, montré, exprimé,… » Pourtant, ils osent.
Car ce cabaret est un voyage. Une expédition dans un monde drôle, sincère où on peut rire de tout et de tout le monde. Rafraîchissant. Attention tout de même ! Il faut aimer l'outrance, le burlesque et ne pas avoir peur de s’immerger dans l’inconnu. Pour les plus réticents d’entre nous, quelques rires hors du commun auront eu raison d’eux. Entre les phoques et les dauphins, nous ne savions plus si nous étions dans un zoo ou dans un cinéma !
Les artistes profitent et, ça se voit ! L’alcool consommé en loge y serait-il pour quelque chose ? Qu’importe ! Finalement, ne sommes-nous pas ivres de plaisir nous aussi tout au long du spectacle ? Une ivresse favorisée par la bonne ambiance générale qui excusera certaines approximations. Le public était là pour s’amuser, les interactions avec les artistes en sont la preuve.
Le VIH
Mais ne perdons pas de vue le but de la soirée : sensibiliser et récolter de l’argent pour la lutte contre le VIH. Cette maladie reste ENCORE tabou dans notre société. La peur liée au manque d’information sur la maladie et ses modes de transmission amène au rejet et à l’exclusion des personnes séropositives. La séropophobie existe. Pourtant, aujourd’hui, grâce à un traitement, le VIH ne se transmet plus. L’équation I = I (comprenez Indétectable = Intransmissible) en est la traduction. Donc, PARLONS-EN !
Pour ça, quoi de mieux que le témoignage sincère et poignant d’un jeune homme séropositif ? Jérôme Fafchamps a 22 ans et, a contracté le VIH en 2018. Loin de s’être laissé abattre, il a décidé de raconter son histoire. Son projet Hurler à la mer mélange le théâtre et la danse. Cette pièce parle de « la première année d’un patient séropositif qui se réfugie dans la danse pour exprimer ces tourments » explique-t-il. Face à tant de pourquoi, il veut s’émanciper et faire bouger les mentalités. « Silence égale mort. C’est une phrase du mouvement Act Up. Ce soir, je veux rompre ce silence. L’ignorance collective est le plus grand fléau de cette maladie. »