UN SOUPÇON DE PAPRIKA DANS LA PROGRAMMATION DE L'OPRL

Interview : Milan Amélie Nyssen

Alors en pleine répétition pour le concert d’ouverture de la saison, le chef hongrois Gergely Madaras a pris le temps de répondre aux questions de Quatremille. À peine 35 ans et déjà aux rênes de l’OPRL, le jeune homme nous a surpris par son humilité, son dynamisme mais surtout par sa vision sociale de la musique … 

Quatremille : Quelle est votre punchline ? 

Gergely Madaras : Think globally, act locally. Le monde musical est très international. Rien qu’ici, à l’OPRL, nous avons plus de vingt nationalités différentes. Heureusement, la musique est une langue internationale car les musiciens sont comme des bohémiens. Nous sommes constamment en interaction avec des personnes et des cultures différentes. Et même lorsqu’on voyage pour seulement quelques jours, je pense qu’il est important de comprendre la vie locale du lieu où l’on joue. 

Quatremille : Comment construit-on le programme musical d’un orchestre dont on prend la direction ?

Gergely Madaras : En tant que directeur musical, il me semble important de réagir à ce qui a déjà été fait ici, à Liège, les saisons précédentes. Le répertoire classique étant quasiment infini, il ne faut pas jouer la même œuvre à moins de cinq années d’intervalle. Cela n’aurait pas de sens. Bien sûr, on se doit de proposer des œuvres attendues par le public – comme des symphonies de Brahms ou de Beethoven – mais il faut également du changement, il faut surprendre …

Quand on commence comme directeur musical, il faut étudier les traditions de l’orchestre mais aussi le public. Chaque pays, chaque ville, chaque orchestre a un public différent. Qu’est-ce que le public liégeois a envie d’écouter ? Mais comment puis-je aussi le surprendre, lui apporter quelque chose de neuf, de frais, de particulier ? Bien entendu, on ne change pas une équipe qui gagne. L’orchestre a une belle tradition d’interprétation de la musique germanique, notamment grâce à l’expertise de Christian Arming, et naturellement de musique franco-belge. 

Cependant, j’ai remarqué que le répertoire de l’Europe de l’Est avait été peu exploré par l’orchestre. J’ai donc eu envie de les y emmener – et pas seulement en territoire hongrois, mais aussi slave. Je connais encore peu le public liégeois et belge. Donc en choisissant d’aller vers ce type de répertoire, mêlant folklore et musiques du XIXe – début XXe, j’anticipe … J’espère que les spectateurs aimeront autant cette musique que moi. 

J’ai aussi la responsabilité d’ouvrir l’accès à la musique dite classique aux plus larges publics. Certains sont plus familiers du théâtre, de la danse, du cinéma... Et j’avais envie de montrer que, après tout, la musique classique n’est pas différente du jazz ou du rap. Car même si un orchestre symphonique joue de la musique de compositeurs la plupart du temps décédés [rires], la musique classique reste actuelle. Avec la série « OPRL+ », j’ai eu l’idée de créer des concerts qui seraient comme des plateformes entre deux arts. Musique classique et cinéma, par exemple. L’objectif est de construire des projets un peu différents, des concerts « augmentés », où l’on invite des personnes habituées à une autre forme d’art à venir à la Salle Philharmonique. J’avoue avoir un coup de cœur pour le futur concert OPRL+ Théâtre où sera jouée la musique du ballet « Roméo & Juliette » de Prokofiev. Nous avons demandé à Fabrice Murgia, directeur du Théâtre National, de créer une interaction entre la musique et le texte de Shakespeare. 

J’ai envie de « désacraliser » l’OPRL et sa salle de concert. Je l’envisage plus comme un centre culturel. Nous ne sommes pas fermés. La musique est universelle et donc doit être ouverte sur le monde et à tout le monde. Le classique touche aux mêmes émotions que les autres musiques : amour, espoir, tristesse, bonheur, joie, excitation … Tout cela s’y retrouve. Les musiciens classiques sont encore trop souvent perçus comme traditionnels, introvertis, austères, un peu à part. Mais non, nous vivons dans le même monde. Ma mission, c’est de trouver une connexion, un point d’accroche avec la jeunesse liégeoise. Il faut continuer le travail de l’OPRL pour sortir la musique classique de sa tour d’ivoire. La salle de concert doit devenir un lieu d’interactions et de rencontres. D’autant plus si on veut la faire connaître auprès des 18-25 ans qui ont bien d’autres préoccupations (se trouver un chemin à travers les études, le travail …). 

Quatremille : Comment se créer une vie sociale lorsqu’on est constamment sur la route ?

Gergely Madaras : Ah, c’est une sacrée question ! Ma famille vit à Londres. J’ai deux filles, âgées respectivement de 6 ans et de 3 mois. J’ai une vie normale quand je suis à la maison, avec ma femme et mes enfants. Mais c’est vrai que j’ai des pied-à-terre à Liège et à Budapest. C’est un peu schizophrénique. Je multiplie les brosses à dents… une dans chaque appartement !

Quand je ne suis pas à Londres avec ma famille, ni à Liège avec ma famille musicale, je suis sur la route comme chef d’orchestre invité. C’est évidemment important pour ma carrière mais également pour l’OPRL car ils ont la chance de travailler, quand je ne suis pas là, avec d’autres chefs qui apportent un changement bien nécessaire. Et s’ils travaillent avec un chef d’orchestre meilleur que moi, c’est encore mieux ! Je ne suis pas jaloux [rires]. 

Quatremille : Auriez-vous un conseil à donner à un jeune voulant devenir chef d’orchestre ?

Gergely Madaras : D’abord, il faut étudier le plus d’instruments possible. Je pense que pour bien diriger, il faut connaître, comprendre et ressentir les différents instruments. C’est nécessaire pour pouvoir donner les indications nécessaires aux instrumentistes pendant les répétitions. 

Et puis, il faut savoir que les concerts ne représentent que 5 % du travail d’un chef d’orchestre. Un chef d’orchestre, c’est un entraineur, un psychologue, un magicien, un collègue, un gestionnaire, parfois un peu un bouffon pour le public. Il a beaucoup de casquettes. Alors pour être chef d’orchestre, il ne suffit pas d’aimer la musique et d’interagir avec les gens, il faut avoir une vision artistique.

Quatremille : Pour finir sur une note plus gourmande, avez-vous déjà un plat liégeois préféré ?

Gergely Madaras : Ah oui ! Les boulets sauce lapin avec des frites ! Et puis j’adore le liégeois, cette boisson fanta-grenadine ! J’adore ça ! Et puis il y a la Batte ! J’ai une passion pour les marchés. Avec la Batte, je suis ravi ! 

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