VISITE GUIDÉE DE NOTRE CERVEAU AVEC CEREBRUM, LE FAISEUR DE RÉALITÉS
Rédaction : Julie Willé // Photos : Gaëtane Lorenzoni
Dans le cadre du festival interdisciplinaire IMPACT, le Théâtre de Liège propose une programmation éclectique mêlant Arts, Sciences et Technologies. Cerebum, le faiseur de réalités, conférence-spectacle questionnant le fonctionnement du cerveau, s’est ainsi retrouvé à l’affiche de la Cité Miroir ce mardi 19 novembre. Une chronique de Julie Willé sur photos de Gaëtane Lorenzoni.
20:03, l’Espace Francisco Ferrer de la Cité Miroir est déjà presque plein. Heureusement, il reste quelques places tout en haut de la salle. Il faut dire que la représentation est complète depuis plusieurs jours déjà, c’était prévisible !
Je m’installe, observe la scénographie. Celle-ci est épurée. Un bureau, deux colonnes, un pupitre, un écran et un cube au-dessus de la colonne côté cour.
La description lue dans le programme du festival Impact qui accueille ce spectacle suscite chez moi de nombreuses interrogations. Elle dit, entre-autres : « Alliant théâtre et sciences, Cerebrum, le faiseur de réalités nous révèle les étranges phénomènes créés par notre cerveau. ».
Je suis donc assez excitée à l’idée d’entamer cette visite guidée à l’intérieur de ce superbe organe, seul sur terre à s’être auto-nommé, mon meilleur ami ou mon pire ennemi selon les jours.
Celui qui doit nous emmener sur les sentiers tortueux de la réalité, ou plutôt des réalités créées par notre cerveau n’est autre que Yvain Juillard, biophysicien spécialisé dans la plasticité cérébrale et comédien diplômé de l’INSAS.
Il commence sa « conférence performée » par un petit jeu, et nous demande à tous de fixer le cube qui maintenant s’illumine. Puis il nous questionne : Le cube est-il creux ou plat ? En chœur, le public répond qu’il est creux. Premier piège tendu par notre cerveau à qui on ne la fait pas, et qui sait pertinemment qu’un cube est un volume et non une surface ! Or, il se trompe. Mais pour que la réalité colle à ses certitudes et à sa logique, il nous induit en erreur.
C’est sur cette expérience que débute notre parcours, ponctué tantôt d’exemples concrets durant lesquels le publique est invité à se mettre à l’épreuve, tantôt d’illustrations faites directement à la craie sur l’ensemble de la scène et des deux colonnes. Tout cela pour nous expliquer que notre cerveau, ce farceur, ne nous montre pas LA réalité, mais UNE réalité, qui est la nôtre et qui change selon notre âge, nos expériences, nos connaissances, notre état de santé, et tant d’autres paramètres. Elle est donc « plastique », c’est-à-dire qu’elle est modulable, façonnable, modifiable.
Le sujet est passionnant !
Pourtant, le déroulement du spectacle se fait majoritairement sous forme de discours sans interactions et les quelques interludes ludiques sont très brefs. Il est donc parfois difficile de rester concentré sur le propos du comédien si, comme moi, vos cours de biologie vous semblent lointains. Et ce malgré ses tentatives de vulgarisation.
A la fin de la représentation, les personnes qui le souhaitent sont invitées à assister à la rencontre entre Yvain Juillard et Leandro Sanz, médecin et doctorant en sciences médicales au Coma Science Group et spécialiste des états de conscience modifiés. Plus de la moitié de l’auditoire reste. Cela donne lieu à un moment d’échange stimulant et à de nombreux questionnements pertinents. Le public interagit de façon détendue avec les deux hommes. On y parle d’hypnose, de méditation, de rêve, mais aussi d’expérience de mort imminente, de neuroscepticisme, et de potentiels d’action. Une agréable manière de terminer cette soirée riche en apprentissages.