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Rédaction : Patrick Lorguet // Photos : J. Berger - ORW-Liège

Ce mardi 24 septembre, la Traviata de Giuseppe Verdi était jouée à l'Opéra Royal de Wallonie. Pour l'ultime représentation de ce chef-d'œuvre, Quatremille a fait le déplacement et vous résume cette soirée inoubliable.

 

Ah, quel plaisir de revenir dans ce magnifique bâtiment de style néoclassique si bien rénové il y a quelques années, et nous faisant passer d’un instant à l’autre dans un autre monde, une autre époque.



 

La salle du Grand foyer n’a rien à envier à la galerie des Glaces du palais de Versailles, et après avoir gravi l’escalier d’honneur, c’est déjà tout ébloui que l’on pénètre dans la salle de spectacle.

Et pourtant, ce n’est qu’à ce moment que l’on se rend compte de la beauté des décorations et de la magnificence des lieux. Une scène immense, quatre niveaux de balcons, un parterre, une fosse d’orchestre. Le tout couronné par un plafond recouvert de fresques célestes mises en valeur par un éclairage discret. 



 

Les mille personnes qui m’accompagnent ce soir sont aussi pleines d’enthousiasme. Toute la société est là, des jeunes et des moins jeunes, des enfants, des étudiants venus en groupe, des habitués qui commentent déjà le spectacle et des néophytes qui essayent, tant bien que mal, de comprendre ce monde étrange où ils viennent d’être plongés.

Enfin, il est l’heure et le spectacle commence. Pour une vingtaine de personnes qui ne savent pas lire l’heure, c’est le moment d’entrer et de déranger tous les gens qui se trouvent sur leur chemin ! Gênant ! Je pense surtout aux artistes qui ont dû tant répéter et travailler, et qui performent devant une assemblée qui n’est pas complètement focalisée, sur l’histoire qu’ils veulent nous faire vivre. 



 

Mais, la qualité de l’interprétation est telle que ces moments sont vite oubliés. En effet, dès l’ouverture du rideau on reste pantois. La richesse des décors de la scène, le nombre de figurants, les costumes des acteurs ! (Je fais ici une petite parenthèse pour exprimer ma surprise en constatant que quelques gentilshommes participant à la fête parisienne qui se déroule sous nos yeux sont habillés de porte-jarretelles et non de pantalons ! Curieux ! Tout comme le choix de situer l’action aux environs de 1950, selon les décors du deuxième acte, les transgenres n’ayant pas encore fait acte de présence alors ! S’il y avait une volonté du metteur en scène d’actualiser l’œuvre, pourquoi ne pas choisir 2024, l’histoire étant tout à fait transposable à aujourd’hui !)



 

C’est là que je fais connaissance avec Violetta, incarnée par la soprano Trina Lungu, rejointe bientôt par son amoureux Alfredo, le ténor de Dmitry Korchak et Giorgio, le père d’Alfredo, le baryton Simone Piazzolla. Ce sont les principaux acteurs de cette tragédie, mais chaque soliste, chaque choriste, chaque musicien et en particulier, le chef d’orchestre Giampaolo Bisanti est investi d’un tel sérieux et d’une telle ferveur qu’il est impossible de ne pas succomber aux émotions.



 

Inspiré du roman d’Alexandre Dumas fils, « la dame aux camélias », Giuseppe Verdi nous raconte la vie de Violetta « la Traviata » la dévoyée, qui après s’être baignée dans le luxe et les plaisirs, se retire avec Alfredo pour vivre une vie simple. C’est alors que Giorgio, le père d’Alfredo, vient lui demander de renoncer à son amour et son bonheur pour que la sœur d’Alfredo puisse se marier avec un bon parti. Chose rendue impossible par les convenances de l’époque si Alfredo se mariait avec une courtisane. Violetta accepte par amour, mais aussi vaincue par les préjugés sociaux dont elle est victime. Alfredo n’étant pas au courant de la démarche de son père ne comprend pas et va même jusqu’à insulter publiquement Violetta. À la fin, Giorgio avoue à son fils le rôle qu’il a joué dans la rupture. Alfredo court demander pardon à Violetta, mais ce n’est que pour vivre avec son aimée les derniers moments de sa vie. Elle meurt dans ses bras terrassée par une tuberculose pulmonaire (dans une scène à couper le souffle ! C’est le cas de le dire !)



 

Inutile de préciser qu’après tant de rebondissements, cette histoire d’amour qui s’achève si malheureusement et cette mise en scène si percutante, aucune des personnes présentes dans la salle ne pût prétendre n’avoir rien ressenti ! Tous les yeux brillaient, beaucoup de personnes étaient en larmes et c’est sous un tonnerre d’applaudissements que le rideau s’est baissé. Le public était debout, criait des vivats, applaudissait. Verdi, il y a cent septante ans et ces magnifiques interprètes aujourd’hui, nous avaient tous réunis, tous mis d’accord... C’était parfait ! 



 

Les rappels furent nombreux et mérités et quand enfin il fallut quitter les lieux, c’est le cœur joyeux et satisfait que chacun est retourné à sa vie en espérant pouvoir revivre bientôt de tels moments. C’est la tête pleine d’étoiles que je suis rentré chez moi. Je vous souhaite de tout cœur de pouvoir vivre un jour l’expérience d’un spectacle de cette qualité. 

Bien à vous, 


 

Votre correspondant à Liège, 

Patrick Lorguet


 

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Publié le 26 Septembre 2024 par
Patrick Ndibwalonji

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