Une femme à poil

Comme dirait Jean-Pierre Marielle chez Bernard Pivot, je suis un trainard. Dans la vie, en général, je traine. Je peux trainer partout, et souvent. Je peux trainer longtemps aussi. Je traine pour voir le monde et les gens, pour écouter les oiseaux chanter, les conversations des passants. Je traine dans les rues, dans les cafés ou pour regarder les feuilles des arbres tomber. Je traine ici, je traine chez toi et je trainerai encore.

Trainer, parfois, ça m'inspire. Parfois ça me pousse à faire des rencontres. Et ce vendredi 17 mars, pour dire de trainer, je suis allé me perdre entre le pont des Arches et la passerelle Saucy. Sur le quai de Gaulle, au numéro 10, juste après un panel d'autochtones qui met de la musique du monde, y'a une minuscule salle d'expo assez timide. C'est la Cell10b Art Gallery dont j'avais complètement oublié l'existence. Y'a de la lumière à l'intérieur, je traverse.

J'essaie de me faufiler discrètement dans l'antre, mais je suis pas encore tout à fait transparent. Un petit monsieur barbu avec des lunettes rondes – dans le même genre que Marielle d'ailleurs – m'interpelle. C'est Francis Cornerotte lui-même qui me fait visiter les lieux en allumant le décor. Francis, c'est le photographe qui a mis en scène Bruna Marie Félicité. Bruna, c'est le modèle que je découvre, plaqué sur tous les murs de la galerie. Modèle tout nu, partout tout nu, comme indiqué dans le subtil titre de cette chronique dominicale.

Alors, moi, le monde de la photo, j'y comprends pas grand-chose. Je trouve même que les photographes sont de drôle de personnage. Je me demande toujours ce qu'ils peuvent bien attendre quand ils emprisonnent des moments passés dans un cadre pour les fixer au mur ? Surement d'éternels nostalgiques… Des maraichers de la mélancolie. S'ils passent leur temps à fixer des souvenirs, c'est qu'ils ont peut-être très mauvaise mémoire ? C'est peut-être des copions pour éviter de rater le grand examen de la mort.

Ici, le contraste entre la noirceur du fond de l'image et la blancheur de la peau du sujet/modèle (Bruna) m'évoque instantanément le travail du célèbre plasticien suisse H.R Giger. C'est sombre et monomaniaque, sans tomber dans le piège du lugubre, et du passif. Y'a du mouvement dans les formes et les poses. Y'a du mouvement dans la rencontre entre les éléments mis en scène. Sans violence ni complexe, notre technicienne de surface/modèle (Bruna, toujours) se lâche lascivement sous l'objectif de l'assaillant.

Que les formes du modèle suggèrent l'art de la Renaissance, une figure du Pop Art ou une publicité pour des cosmétiques m'est profondément égal. Je sais simplement qu'il me serait impossible de concevoir la silhouette de ce monde à travers une taille mannequin unique et filiforme. Qu'est-ce qu'on se ferait chier ! Par extension, dans ce Gattaca silencieux, le moindre avis non-filiforme serait nécessairement exclu de la société. Tiens, ça vous rappelle pas une période assez récente ?

Avec Francis on discute. Il me fait faire le tour du propriétaire en m'expliquant en détail les techniques de production et de reproduction de ses oeuvres. Il me présente ensuite d'autres projets. Une expo pour les mômes au théâtre Le Moderne, et son bouquin-photo sur la ville de Gérouville – un petit village en Gaume. Y'en a des qui ne s'arrêteront jamais de partager leur vision poétique du monde, de leur monde. On conclut là-dessus. Je vais retrouver mon activité de trainard.

Cette fois-ci, j'ai rien acheté. Les seules photos que je mets chez moi sont des photos de famille. J'avais pas envie de retrouver une paire de fesses ou d'énormes nichons à l'air à côté d'une photo de mon frère et moi enfants nous tenant main dans la main. Je devrais prendre plus de risques, je sais… Néanmoins, si toi t'as envie de sublimer ton intérieur avec quelques clichés de rondeurs apaisantes, tu as jusqu'au samedi 25 mars pour dévaliser la boutique !

Publié le 21 Mars 2023 par

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