 
Ce 30 octobre 2025, la conférence de presse dédiée à l’exposition Instants Donnés, consacrée à Robert Doisneau, avait lieu à La Boverie. En plus d’Élisabeth Fraipont, échevine de la culture, les deux filles du photographe, Annette Doisneau et Francine Deroudille, étaient présentes pour le plus grand plaisir des amateurs d’anecdotes. Dès le lendemain, et jusqu’au 19 avril 2026, le public aura l’occasion de découvrir le regard tendre, ironique et profondément humain d’un artiste hors du temps.
 
 
 
« Les gens transportent avec eux un trésor dont ils sont complètement inconscients. C’est mon rôle de montrer l’évidence. » Ça, c’est du Robert Doisneau tout craché !
Bien que n’ayant jamais fait de politique, le photographe français, figure emblématique du réalisme poétique, a toujours montré un engagement sincère envers la cause des ouvriers et des démunis. Une section entière de l’exposition est d’ailleurs consacrée aux « petites gens ». De manière générale, ce sont les individus qui constituent son véritable centre d’intérêt, bien avant l’art.
La photo où il capte le moment où le public redécouvre la Joconde en 1945, après la guerre, ou celle où il saisit les réactions des passants devant le tableau de la femme dénudée, en sont un parfait exemple. Ces œuvres célèbres passent au second plan pour Doisneau : sa préoccupation principale reste le quotidien, dans sa beauté comme dans sa noirceur.
 
 
« C’est une photo qui fait l’unanimité. Et quand il y a unanimité, il y a souvent au départ une erreur. »
Cette phrase, qui lui ressemble parfaitement selon ses filles, clôt l’exposition. Quand nous leur avons demandé ce qu’elle signifiait, elles ont répondu que la vie est complexe et que rien n’est jamais totalement évident. C’est justement ce que voulait montrer leur père.
En témoigne son rapport à la banlieue où il est né et a grandi : « C’était moche autrefois. Maintenant, c’est moche autrement ! »
Lui qui trouvait ce décor affreux a fini par s’y attacher, non pas pour le paysage, mais pour les gens qui y vivaient. Il lui a même consacré des photos en couleur, volontairement, alors que cela se faisait rarement à l’époque, afin de marquer ce changement.
 
 
Cette exposition, c’est aussi l’occasion de découvrir des clichés qui respirent la Belgitude, comme celui de Simenon, accompagné de sa fidèle pipe, visible dans la section Bistrot. Même les Gilles de Binche ont été immortalisés par l’artiste !
Et puis, bien sûr, il y a Le Baiser de l’Hôtel de Ville. Sa photo la plus célèbre, absente de l’exposition… du moins en apparence. Une jolie pirouette a été trouvée pour lui rendre hommage.
Détail savoureux : l’homme au béret, que tout le monde croyait français, était en réalité canadien !
La commissaire, passionnée, prend d’ailleurs le temps de raconter ces anecdotes, même aux visiteurs germanophones, à la fin du parcours — et en allemand, évidemment !
Un moment suspendu, à l’image de l’œuvre de Doisneau.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
