Rédaction et photos : Francesco Nobile
Mercredi 4 septembre 2024 avait lieu au cinéma Sauvenière la première du film belge La Nuit Se Traîne. L’équipe de cette production locale est venue présenter ce premier long-métrage d’un réalisateur dont on va beaucoup entendre parler : Michiel Blanchart. Ce dernier était accompagné des acteurs principaux et tous se sont prêtés au jeu des questions/réponses dans une ambiance hyper conviviale !
La Nuit Se Traîne est un polar urbain de 91 minutes qui ne laisse presque aucun temps mort aux principaux protagonistes tout comme aux spectateurs. Les personnes présentes dans la salle ont été aussi ravies qu’étonnées de voir autant de scènes d’actions et de cascades dans un Bruxelles méconnaissable et surtout dans un film belge francophone. En effet, il est assez rare que le cinéma wallon ait l’ambition d’emprunter un genre qui semble être révolu aux films américains, asiatiques oui parfois français. Michiel Blanchart, le réalisateur, estime qu’« On n’a pas l’habitude de faire des films de genre, à l’américaine, qui peut peut-être repousser les gens, les producteurs et la commission qui octroie les subsides pour faire un film sur le marché francophone. » Malgré tout, il sent, grâce aux retours depuis les projections en avant-première du film, qu’il y a un intérêt, une vraie envie et curiosité de tenter cette expérience.
Il nous est arrivé à tous d’être dans les transports en commun ou dans la rue face à une situation très inconfortable et, à défaut de pouvoir changer de trottoir, de ne pas vouloir être là. C’est ce qui arrive à Mady, serrurier, qui se retrouve au beau milieu de la nuit à devoir ouvrir une porte qui cache bien des secrets. Très vite, il comprend qu’il est pris dans un piège, un engrenage dans lequel il va devoir tenter l’impossible afin de sauver sa peau ! Mady ne sera pas aidé par une petite bande de malfrats à la botte d’un Romain Duris transfiguré dans le rôle d’un méchant qui a beaucoup à perdre dans l’histoire. La vie de chacun ne tient qu’à un fil et de nombreux imprévus vont plonger tous ces personnages dans des conflits existentiels les obligeant à parcourir, ou plutôt à courir dans tout Bruxelles qui devient presque un personnage à part entière ! Les cascades époustouflantes sont dignes des plus belles scènes d’action de Luc Besson ou Brian de Palma.
Le spectateur n’a que peu de temps pour digérer des moments glaçants et sanglants. Toutefois, le scénario s’essaie à quelques traits d’humour réussis et à de lents travellings hypnotiques et hitchkokiens qui nous font réfléchir et nous mettre totalement à la place des personnages. Il faut souligner l’intensité du jeu d’acteurs, de la mise en scène et des gros plans dans le jeu de regards qui, dans ces moments fragiles de silence, envoient d’énormes indices sur les objectifs des personnages.
Presque aucune question posée au réalisateur n’évite les comparaisons avec des films ou des metteurs en scène célèbres. Cela ne dérange pas Michiel Blanchart pour qui certains grands cinéastes sont une source d’inspiration. Il a d’ailleurs organisé avec les membres de l’équipe un ciné-club hebdomadaire durant les deux mois précédant le tournage afin que chacun se nourrisse de ces films cultes américains, coréens et qu’on retrouve encore trop peu dans le cinéma francophone.
En ce qui concerne le contexte social du film, on est en pleine manifestation du mouvement Black Lives Matter et ceci permet de comprendre les choix posés par le personnage de Mady. Certaines scènes sur ce sujet sont un peu clichées, mais totalement assumées par le réalisateur qui précise être du côté du protagoniste tout en voulant donner à chacun l’opportunité de se faire une idée de ce qui est bien ou mal.
Comme le dit Michiel Blanchart : « Si on veut voir davantage de films de genre et de ce genre en Wallonie, seules les fréquentations en salles de cinéma pourront le permettre ! »
Courez vite voir ce petit ovni du cinéma belge !