LISETTE LOMBE, POÉTESSE NATIONALE

Rédaction : Cécile Botton / photos : Isabelle Belloi - Emulsion Photographique

Ce 21 mars, journée mondiale de la poésie, la Maison poème a dévoilé le nom de notre future poétesse nationale. Dès janvier 2024, Lisette Lombe succédera à Mustafa Kör. Une belle reconnaissance des écritures urbaines par le monde de la poésie.

Tout un cheminement

« Quand on m’a fait la proposition en octobre 2022, j’ai dû réfléchir, car un titre national nécessite une maitrise des langues… Et ça, c’est mon talon d’Achille ! » lâche Lisette Lombe. Néanmoins assez vite, elle s’est laissée convaincre par les institutions poétiques qui ont souligné son travail de terrain et sa vision d’une poésie très accessible. « J’étais à Bordeaux lors de l’annonce officielle le 21 mars, journée mondiale de la poésie… C’était très beau, il y a eu une déferlante de messages, de partages et de likes… » Notamment de la part de la metteuse en scène, Rosa Gasquet, qui la soutenue dès sa première scène. « Elle a influencé ma trajectoire de vie, ça, c’est sûr ! » Et puis, les milieux slam, rap et hip-hop ont très bien réagi, car c’est un beau cadeau de reconnaitre la poésie sociale comme une poésie à part entière. Cette dernière prend naissance par le biais d’ateliers d’écriture développés dans divers milieux associatifs et les écoles. C’est une belle occasion de créer du lien entre la culture et l’éducation permanente. « Quand j’ai vu l’engouement, j’ai su que j’étais porteuse de cette vision-là de la poésie et ça m’a réconcilié avec cette question de langues… Du coup, je vais reprendre des cours de néerlandais. »

Neuf mois…

Jusqu’en janvier 2024, c’est Mustafa Kör qui est aux commandes. « Cela me laisse neuf mois pour enfanter de projets qui me tiennent à cœur ! » Même si c’est un titre honorifique pour la visibilité, le poète ou la poétesse national.e doit publier un texte tous les deux mois. Au total, douze textes, liés à l’actualité ou à ses déplacements à travers le pays, afin de garder une trace de ses deux années de mandat ! 

C’est aussi la possibilité d’amener des idées auprès de partenaires comme la Maison de la Poésie d’Amay, de Namur, des Midis de la poésie qui essayeront de trouver des subsides pour transformer des rêves de poètes ou poétesses en projet concret. « Ce qui me guide, ce sont des choses utiles au sens très noble du terme, une caisse de résonnance à ce que je fais déjà… C’est une poésie qui va sortir des murs, qui voyagera dans les hôpitaux, les prisons, les maisons de repos… ! »

 

Vous avez dit… nationale

C’est une particularité de la Belgique d’avoir cette vision très poreuse entre poésie et slam. En Flandre, il y a aussi des collectifs, des féministes, c’est extrêmement foisonnant.  Grâce aux traducteurs et traductrices, Lisette tentera de lier les scènes du Nord, de l’Est et du Sud, car il n’y a pas beaucoup de circulation entre les communautés. « L’an passé, on s’est réuni avec une quarantaine de poétesses du Nord et du Sud du pays, c’était magnifique, car il y avait la même effervescence, le même engagement. » Mais c’est compliqué de traduire de la poésie. En effet, on est souvent face à des textes polysémantiques, alors il faut parfois en modifier le sens afin de garder les assonances ou les allitérations. « Par exemple, pour traduire « Brûler, brûler, brûler » Katelijne De Vuyst m’a proposé « Vuur, vuur, vuur » qui est bien plus percutant que « Verbranden, verbranden, verbranden » … Alors, c’est aussi une expérience de lâcher-prise, car mon texte doit vivre une vie dans une langue que je n’ai pas choisie ! »

Auteure foisonnante

Depuis 2017, six livres déjà publiés et un 7e arrivera à la rentrée littéraire française ! Petit détour sur le dernier en date, « Enfants poètes », une première ouverture à la littérature jeunesse. Mon coup de cœur tant au niveau du texte que des magnifiques illustrations réalisées en pointillisme par Claire Courtois. Je suis très touchée par l’harmonie et la sensibilité qui se dégagent entre le texte et les couleurs utilisées pour les dessins. Une belle mise en évidence de valeurs qui me portent dans la vie comme la confiance en soi, l’estime de soi, le courage, la persévérance et surtout la collaboration entre pairs. Après Robert Laffont pour ce titre, c’est aux Éditions Seuil que sortira son premier roman, « Eunice » en aout prochain. « Mais, c’est important de garder un pied en Belgique, car même si je commence à être éditée en France, je veux rester fidèle aux personnes qui m’ont fait confiance dès le début ! »

Une reconnaissance par-delà le nom

 « Et puis c’est le nom Lombe, poétesse nationale belge, il y a quelque chose dans ce truc belgo-congolais, une fierté particulière… Tous mes cercles de vie se croisent et tout à coup, je prends conscience du travail de terrain et de cette immense toile d’araignée en train de se tisser ; c’est à la fois une grande joie et une grande légèreté ! » conclut Lisette.

 

 

Publié le 23 Avril 2023 par
Auteure

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