De l'art sur du brut
« De l’art sur du brut » est une exposition qui propose un voyage à travers des œuvres artistiques très variées, produites par des artistes de 9 à 77 ans. Comme son nom l’indique, c’est la notion d’Art Brut qui les fédère. Défini en 1945 par Jean Dubuffet, ce courant a pour moteur la spontanéité, l’autodidactisme et le côté non-culturel. C’est l’art des « fous », des marginaux, mais aussi des enfants, des personnes âgées ou des ermites. Ça me parle.
Je bourlingue dans l’espace sans objectif. Á gauche des toiles, à droite des cadres, au fond du modélisme naval. De grosses maquettes en bois garnies de détails très précis. L’artisan me confie qu’il a bossé 890 heures sur l’immense voilier. C’est pas cher payé pour autant de boulot. Plus loin, je croise des mômes avec leur mamy qui exposent leurs créations en famille. Les générations se croisent avec simplicité et bienveillance. Je bifurque dans l’autre sens, je passe devant des représentations de lions et d’éléphants. Tout ça me laisse perplexe, le but de l’exposition est atteint.
Je continue mon périple pour arriver devant le travail d’Adrien Dessy. Des photographies d’une précision chirurgicale conduites par la volonté de vaincre sa nyctophobie viscérale. Travail réussi. Je m’arrête devant Rouge, un cliché étincelant que j’interprète comme le rugissement des flammes d’un feu de camp. C’est réconfortant et violent, chaleureux et brutal. J’engage la discussion avec l’artiste, il me confie qu’il vient de vendre son cliché de la maison. Bien vu l’artiste !
J’embraie chez Laurence pour une séance d’abstraction. Joseph Turner, Monet ou Courbet apparaissent en filigrane. Je retrouve aussi du De Kooning assagi, du Gerhrad Richter comblé ou du John Armelder délicat. Certains retrouvent une précieuse âme d’enfant après laquelle nous cherchons tous. C’est un retour en arrière sans rides.
Juste dans le coin, à droite, comme pour les punis ou les retardataires, je tombe nez à nez avec le travail de Chloé Todaro. Des dessins au fusain sur des toiles grand format. Le côté immersif m’empoigne par le col. J’ai le sentiment d’être dans l’œuvre, de pouvoir toucher ce qui s’y passe. Ça me rappelle le boulot de Charles-Henry Sommelette. Il n’y a que deux toiles, car l’artiste me confie qu’elle a été sollicitée sur le tard, mais ça promet pour la suite.
Cette exposition organisée par Cogephoto se déroule dans un nouvel espace dédié à l’art à deux pas de l’hypercentre. Elle est visible du 1/05 au 17/05 du mercredi au samedi, de 14h à18h. Allez, on se presse !